Le 22 septembre 2023
Un premier long métrage ambitieux et respectable qui révèle un auteur à suivre mais n’échappe pas aux tics d’un certain cinéma contemporain contemplatif.
- Réalisateur : Pham Thiên Ân
- Acteurs : Le Phong Vu, Nguyen Thi Truc Quynh, Vu Ngoc Manh
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol, Français, Vietnamien, Singapourien
- Distributeur : Nour Films
- Durée : 2h58mn
- Titre original : Bên trong vỏ kén vàng
- Date de sortie : 20 septembre 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023
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– Festival de Cannes 2023 : Quinzaine des Cinéastes
– Cannes 2023 : Caméra d’or
Résumé : Après la mort de sa belle-sœur dans un accident de moto à Saigon, Thien se voit confier la tâche de ramener son corps dans leur village natal. Il y emmène également son neveu de cinq ans, Dao, qui a miraculeusement survécu à l’accident. Au milieu des paysages mystiques de la campagne vietnamienne, Thien part à la recherche de son frère aîné, disparu il y a des années, un voyage qui remet profondément en question sa foi.
Critique : Auteur de courts métrages dont le second, Stay Awake, Be Ready, avait notamment remporté le Prix Illy à la Quinzaine des Réalisateurs 2019, Pham Thien Ân a présenté L’arbre aux papillons d’or (dont il est aussi le scénariste et le monteur) dans cette même section cannoise, désormais nommée Quinzaine des Cinéastes. Et le film a été honoré avec la Caméra d’or décernée par le jury d’Anaïs Demoustier. Le métrage débute par un long plan fixe cernant la conversation d’un groupe de jeunes gens sur la terrasse d’un café du centre de Saïgon. On y discute théologie, ce qui peut paraître incongru dans un tel endroit. Le bruit d’un accident de la circulation interrompt les dialogues. La narration se concentre ensuite sur un jeune homme, Thien. Du salon de massage où il se détend, il apprend la mort accidentelle de sa belle-sœur. Il est alors chargé d’organiser les obsèques en emmenant le cercueil au village familial, et de s’occuper un temps de son neveu. Thien se met ensuite en quête de retrouver son frère, et entreprend un voyage dans la campagne vietnamienne…
- © 2023 JK Film / Nour Films. Tous droits réservés.
L’œuvre, d’une connotation plus ou moins autobiographique, est ambitieuse, conciliant minimalisme narratif et questionnements métaphysiques, en particulier sur la foi, tout en mêlant avec habileté approche documentaire et onirisme, lorsque le protagoniste croise sur sa route un ancien amour ou une vieille femme mystérieuse qui semble venir d’un autre univers. La composition des plans révèle un travail sophistiqué, d’autant plus louable que le réalisateur n’a pas fait d’école de cinéma. Il précise ainsi dans le dossier de presse : « Au début du processus de réalisation, j’avais l’ambition d’utiliser de longs plans et de limiter le nombre de plans et de scènes. Je me suis rendu compte que si j’utilisais beaucoup de longs plans avec des grands angles statiques et très peu de gros plans, le film aurait de beaux cadres mais l’expression des émotions des personnages en pâtirait. Cela risquait de perdre le public, qui ne saurait pas sur quoi focaliser son attention (…) J’ai compris que les mouvements des acteurs et de la caméra devaient être en relation les uns avec les autres à chaque étape de l’histoire. Je devais trouver l’équilibre dans chaque plan, afin que la synchronisation des mouvements de la caméra et des personnages soit aussi naturelle que possible. Les points de départ et d’arrivée de chaque plan sont soigneusement cadrés. Parfois, j’ai ajouté quelques lignes ou apporté des modifications au scénario pendant le tournage pour tenir compte des limites ou des possibilités de mouvement des acteurs et de la caméra sur les lieux de tournage. Les gros plans apparaissent généralement à la fin des plans, lorsque les personnages ont suffisamment de temps dans le cadre ».
- © 2023 JK Film / Nour Films. Tous droits réservés.
Pourtant, le dispositif peine à capter l’attention sur trois heures, et le film n’échappe pas au défaut majeur d’un certain cinéma contemporain à vocation contemplative : il est parfois soporifique, avec ses travellings, panoramiques et plans étirés déjà vus dans maintes œuvres. Ce cinéma n’impressionne plus, surtout après les réussites majeures d’œuvres radicales, de Jeanne Dielman d’Akerman à Quand les vagues se retirent de Lav Diaz, en passant par des chefs-d’œuvre signés Angelopoulos, Tarkovski ou Tsai Ming-liang. Et les états d’âme de personnages tourmentés voulant se ressourcer dans une nature protectrice finissent par lasser. Ces réserves n’empêchent pas de reconnaître le réel talent de Pham Thien Ân dont nous attendons le second long métrage avec intérêt.
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