Critique : Le livret explicatif, en quarante-huit pages, brosse un portrait de ce sentiment puissant qu’est l’amour, à travers les siècles. Les quarante-six illustrations retenues sont réunies sous la forme d’un accordéon que nous sommes invités à déplier plaisamment et délicatement. Comme dans un réseau de correspondances, une peinture ou une sculpture en appelle une autre, par similitude ou par divergence.

Les poètes sont de multiples fois convoqués par l’auteur, Laurent Bolard. Parmi ces derniers, nous pouvons mentionner, entre autres, Victor Hugo qui ouvre le bal avec cette citation : "Dieu n’a fait l’univers que pour faire l’amour" (L’Art d’être grand-père). D’autres ne sont pas oubliés, comme Apollinaire et Rilke, ainsi que Sappho qui les a précédés.

Ary Scheffer, Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, 1855

Paris, Musée du Louvre

Les représentations de l’amour puisent abondamment dans la mythologie gréco-romaine : c’est un fil conducteur majeur pour la Renaissance qui en est imprégnée (illustration 2 : Titien, Vénus au miroir) et une source d’inspiration, même beaucoup plus proche de nous, comme à la fin du XIXème siècle (illustration 11 : Jean-Louis Gérôme, Pygmalion et Galatée). Cette singularité pluriséculaire est largement et justement mise en avant par le créateur de ce coffret aux multiples facettes, toutes éblouissantes.

Mary Cassatt, Le Petit Déjeuner au lit, 1897

San Marino (Cal), Huntington Library and Art Gallery

Le christianisme a surtout glorifié des amours mystiques (illustration 16 : Attribué au Caravage, L’Extase de Sainte Madeleine ; illustration 18 : Léonard de Vinci, Sainte Anne, la Vierge et L’Enfant Jésus jouant avec un agneau). Le commode mariage, fruit de bien des arrangements, a été encensé de même (illustration 23 : Edmund Blair Leighton, Le Registre de mariage). La famille et la maternité sont idéalisées par la religion, n’en déplaise à ceux pour qui amour rimerait avec passion (illustration 20 : Berthe Morisot, Le Berceau).

Francesco Hayez, Le Baiser, 1859

Milan, Pinacothèque de Brera

L’amour-passion sait cependant trouver des trous de souris dans lesquels se faufiler pour exister (Jean-Honoré Fragonard, Le Verrou) et étreintes comme baisers sont consacrés dans des sculptures (illustration 34 : Auguste Rodin, Le Baiser) ou des peintures (illustration 40 : Henri de Toulouse-Lautrec, Dans le lit, le baiser). Notons également la mise en avant de couples révélés par d’autres univers artistiques, comme le théâtre (illustration 13 : Julius Kronberg, Roméo et Juliette sur le balcon).