Le 6 novembre 2021
Une vie familiale à la campagne, d’apparence paisible et banale, va être brutalement bouleversée par l’arrivée d’un nouveau voisin. Le roman d’Elsa Marpeau surprend, entre douceur apparente et violence totale.
- Auteur : Elsa Marpeau
- Collection : Série noire
- Editeur : Gallimard
- Genre : Polar
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 26 août 2021
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Philippe n’a jamais retrouvé de boulot. Il se contente de son RSA. Il vit avec sa femme, Maud, qui fait bouillir la marmite grâce à son emploi dans un restaurant étoilé. Ensemble, ils ont eu Lucas, 16 ans. Cela fait maintenant 20 ans qu’ils vivent dans une maison à la campagne, qu’ils retapent progressivement. La vie du père de famille est monotone et ennuyeuse. Il passe ses journées à attendre patiemment que son fils rentre du lycée et que sa femme revienne de son travail. Lorsqu’ils sont enfin tous les trois, c’est le même et triste constat, ils n’ont rien à se dire. Cet été-là, il fait très chaud et Philippe se languit de l’ouverture de la chasse. Il décide alors de se promener, avec son épagneul et son remington, dans les bois qui entourent sa propriété lorsqu’il aperçoit soudain un homme nu dans le lac. Très vite, il apprend qu’il s’agit de son nouveau voisin, un parisien dénommé Julien. Sa vie va alors prendre une autre tournure. L’épier (et pourquoi pas devenir son ami) devient la principale occupation de ses journées.
Critique : Le prologue de L’âme du fusil est particulièrement intrigant. On apprend qu’un homme tire deux fois à bout touchant dans le ventre d’un individu et qu’il jette le corps dans un trou creusé dans le jardin. Et il faudra attendre patiemment les dernières lignes du roman pour avoir le fin mot de l’histoire.
Elsa Marpeau organise son texte en deux parties, consacrées à l’homme du lac puis à l’ouverture de la chasse. Le narrateur est Philippe. Il s’adresse à son neveu, Pierre, sous la forme d’un journal intime. Immédiatement, le lecteur comprend qu’il s’est produit un événement marquant dans la vie de ce père de famille. Pour autant, l’autrice laisse très peu d’indices et réussit ainsi à nous plonger habilement dans un polar dramatique.
Grâce à une description très fine et aboutie, Elsa Marpeau parvient remarquablement à nous transporter au sein de cette maison de famille, modeste et simple, implantée au cœur d’un petit village rural. Elle dépeint avec une force incroyable Maud, cette femme d’apparence frêle et délicate, qui finalement se révèlera moins fragile, au fur et à mesure des chapitres. Quant au mari, il n’est pas heureux. Son malaise est prégnant. Ses copains, avec qui il dîne tous les dimanches soirs, lui font oublier la réalité de son quotidien, au moins un court instant. Mais c’est principalement la chasse qui aide cet homme à rester debout. Lui-même traquait le gibier avec son père qui lui avait offert son premier fusil et il veut transmettre cette passion, cette âme du fusil, à son fils qui, jusqu’à présent, est plus intéressé par son téléphone portable. Un fossé générationnel existe entre les parents qui jouaient la plupart du temps dehors et les enfants avachis, dans leur canapé, devant leurs écrans, accablés de paresse.
La chasse, tout comme la nature, est un élément central du livre. Toutefois, le débat « pour ou contre » n’est pas du tout le sujet. En revanche, la dangerosité des armes s’avère un élément important du récit.
Elsa Marpeau met également le doigt sur l’intrus de la ville, Julien, qui débarque à la campagne. Un peu cliché ? Peut-être, mais quand cet inconnu débarque avec tous ses mystères et secrets, il parvient à déstabiliser la vie bien rangée de cette famille et des habitants du village. Philippe est peut-être finalement le plus déboussolé de tous. Il va commencer par surveiller le nouvel arrivant.
Jusqu’où peut-on aller pour assouvir sa soif de curiosité ? Et s’agit-il seulement d’indiscrétion ? Cet homme, un chasseur viril, un campagnard, peut-il être troublé par un autre homme ?
La fin du texte est à la fois surprenante et dramatique. Elsa Marpeau nous a amenés là où on ne l’attendait pas. Déjà habituée de la collection Série noire de Gallimard, elle nous surprend dans son nouveau roman L’âme du fusil, construit sur une contradiction entre douceur apparente et violence totale.
192 pages, 16€
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