Un justicier à La Grande Motte
Le 9 juin 2015
Pur produit d’exploitation à la croisée des chemins entre le vigilante movie américain et le poliziottescho transalpin, L’agression reste encore aujourd’hui une grosse série B bourrée de défauts, mais hautement divertissante.
- Réalisateur : Gérard Pirès
- Acteurs : Catherine Deneuve, Jean-Louis Trintignant, Claude Brasseur, Franco Fabrizi, Milena Vukotic
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Italien
- Editeur vidéo : Gaumont DVD
- Durée : 1h40mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 16 avril 1975
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– Sortie DVD : le 20 juin 2011
Pur produit d’exploitation à la croisée des chemins entre le vigilante movie américain et le poliziottescho transalpin, L’agression reste encore aujourd’hui une grosse série B bourrée de défauts, mais hautement divertissante.
L’argument : Sur l’autoroute des vacances, la famille Varlin est agressée par des loubards à moto. Quand Paul reprend connaissance, sa femme et sa fillette de dix ans sont mortes assassinées. L’enquête policière n’aboutissant pas, Paul va se faire justice lui-même et, avec le soutien de sa belle-sœur Sarah, il parvient à tendre aux voyous une sanglante embuscade...
Notre avis : Rares sont les réalisateurs français à s’être essayés au film de genre dans les années 1970. Parmi les plus grandes réussites figurent deux pépites méconnues de Serge Leroy, cinéaste en guerre contre la bêtise humaine avant de plonger dans les polars léthargiques des années 80 : La traque et Les passagers. Si L’agression, réalisé par le très inégal Gérard Pirès, ne possède pas la force des films de Leroy, il n’en demeure pas moins un divertissement violent et bisseux dont les défauts le rendent finalement plus attachant.
Adapté par le romancier Jean-Patrick Manchette (dont les rencontres avec le cinéma ont rarement donné lieu à de grands films) à partir du roman The shrewsdale exit de John Buell, L’agression confronte un Français tendance beauf - joué par un Jean-Louis Trintignant qui se livre à un exercice de cabotinage surprenant de sa part, mais efficace - presque sorti d’un film d’Yves Boisset à une bande de loubards masqués à moto responsables de la mort de sa femme et de sa fille sur le chemin des vacances, et respectivement incarnés par Jacques Chailleux (le fils de Dupont Lajoie), Daniel Duval, Étienne Chicot et... Robert Charlebois !
Bien décidé à se venger avec ses petits poings et son fusil à pompe, notre Jean-Louis se lance dès lors dans une vaine croisade contre ceux qu’il pense être les coupables...
Affublé d’un casting complètement hétéroclite auquel viennent s’ajouter la belle Catherine Deneuve en belle-sœur volage, Claude Brasseur en serveur facho, Franco Fabrizi, Daniel Auteuil le temps de se prendre une baffe de la part de Valérie Mairesse et même Jean-Marie Poiré dans un caméo, L’agression s’inspire à la fois de deux genres à succès de l’époque : le vigilante movie bronsonien (Un justicier dans la ville est sorti un an avant) pour l’intrigue à base de "ils ont tué ma femme, ma fille, mon chien et mon poisson rouge", et le poliziottescho italien pour l’aspect ultra-violent décomplexé (le film a été interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie) et la gratuité de certaines scènes.
S’il a l’intelligence de ne jamais sombrer dans le manichéisme (peut-être la marque la plus évidente de Manchette sur cette adaptation, ainsi que des dialogues très crus), le film est desservi par un scénario passant trop facilement du coq (le drame familial) à l’âne (Trintignant qui tombe dans les bras de Deneuve quelques heures après l’enterrement de sa femme et de sa fille) et doté d’un final complètement irréaliste. Mais le film de Pirès marque des points au niveau des scènes d’action et des cascades motorisées.
Doté d’une réalisation nerveuse, pleine d’ellipses, mais assez curieuse - les 3/4 du film sont filmés en plans serrés - L’agression est en effet une belle démonstration en termes de fusillades et de courses-poursuites réglées par les meilleurs pilotes moto de l’époque ainsi que l’indispensable Rémy Julienne. Considéré comme un film culte chez les aficionados de l’auto-moto, L’agression reste donc un rare exemple de produit bisseux français divertissant, à condition de passer outre les incongruités du scénario, et doté d’un casting de choix (on peut néanmoins se demander ce que vient faire Charlebois dans tout ça) pourtant peu habitué à ce genre de production.
Malgré l’insuccès du film auprès de la critique et des spectateurs, Gérard Pirès retrouva Trintignant le temps d’une nouvelle adaptation d’un roman américain avec L’ordinateur des pompes funèbres, autre curiosité filmique méconnue.
LE TEST DVD
Cette édition qui n’a bénéficié d’aucune restauration, comme le veut la collection Gaumont à la demande, ne tient pas la route sur le plan technique mais reste néanmoins regardable.
Les suppléments :
0
Aucun bonus.
L’image :
Les quelques résidus présents sur la copie ne gênent aucunement la vision, contrairement à l’incompatibilité 16/9ème. De plus, le ratio 1.85 ne semble pas être respecté : l’image est étirée, ce qui renforce l’effet de zoom pour un film qui est majoritairement composé de gros plans.
Le son :
La piste audio 2.0 est propre et de qualité.
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