L’Adoption T1 : Quinaya - la chronique BD

Résumé  :

Gabriel est à la retraite, il profite d’un bon temps bien mérité avec son épouse Maryse. Tout irait pour le mieux s’il ne se retrouvait pas grand-père d’une petite fille adoptée par son fils et sa femme, une jeune orpheline ayant perdu ses parents dans un tremblement de terre au Pérou et répondant au doux nom de Quinaya. Gabriel, insensible à cette nouvelle arrivante, va devoir apprendre à rompre son train-train pour accepter cette enfant de quatre ans. Y parviendra-t-il ? Quels souvenirs cette enfant innocente va faire remonte dans la tête de Gabriel ?

Notre avis :

Quinaya nous offre une histoire tout en douceur, des instants du quotidien chamboulés par l’arrivée d’une fillette de quatre ans. Gabriel a sa vie, sa femme, ses amis, ses promenades, son sport, tout est huilé. Et il n’a pas l’intention de changer quoique ce soit pour une petite fille, pé&ruvienne de surcroit. Si sa femme est aussi enthousiaste que le reste de la famille, Gabriel garde ses distances.
Mais pourquoi donc ? Qu’est-ce qui le retient de laisser sortir son amour ? Des éléments sont semés ici et là tout au long de ce premier tome et au fur et à mesure, nous comprenons mieux Gabriel, ses angoisses, ses attentes et surtout ses regrets.
Quinaya va prendre de plus en plus de place dans sa vie de ce grand-père patachon. Et cela bien malgré lui ! Oui, on pense forcément à Michel Simon et Claude Berri et d’ailleurs, les auteurs jouent de cette référence avec le sourire !
Malgré son titre, cette BD n’est pas axée sur l’adoption, vous ne suivrez pas le parcours administratif du combattant des parents qui veulent adopter un chérubin, il s’agit plus d’un récit sur une rencontre. La rencontre entre Gabriel et Quinaya. Et au-delà de cette rencontre, il s’agit même d’un récit sur l’évolution d’un homme. Gabriel a soixante-quatorze ans. Mais il ne voit pas sa vie comme terminée. Il tient à profiter de la paix qu’il estime avoir durement gagné. Peut-on tout remettre en question à soixante-quatorze ans ? Accepter de s’être trompé ? Crever les non-dits avec lesquels on vit depuis si longtemps ?
Tout en douceur, au travers de la vie de tous les jours, Zidrou nous emmène dans les pas de Gabriel, dans la vie de ce vieil homme et tout aussi doucement, nous allons voir comment Quinaya va apporter quelque chose à ce retraité, quelque chose qu’il avait oublié, semble-t-il... Mais quels échanges peuvent se créer entre un retraité aisé occidental et une orpheline péruvienne ? Quand aucun des deux ne parle la même langue ?
Chacun à leur manière, ils sont enfermés dans leur coquille. Quinaya devant un monde qui la dépasse, des gens trop nombreux qui l’entourent, avec un souvenir douloureux de mort et d’horreur, car elle a perdu ses parents dans un tremblement de terre. Gabriel dans ses certitudes et ses habitudes. Un lent chemin va se faire par petites touches.
Mais là encore, l’intrigue tissée par Zidrou va se resserrer quand on s’y attend le moins et c’est sur une surprise de taille que se clôt ce premier volume. Nous laissant dans l’attente du second tome de ce diptyque...
D’ailleurs, ce tome se finit sur un cahier graphique présentant différents recherches de Arno Monin, et même des dessins inédits qui montrent en une case tout ce qui ne se dit pas entre Gabriel et Quinaya.

Zidrou tisse l’histoire et Arno Monin lui donne vie. Là aussi, ses traits doux s’adaptent tout à fait à ce récit. Crayons, couleurs, deux techniques que Arno Monin parvient à mélanger tout en les laissant s’exprimer. Il y a un côté rough dans les dessins de cette BD. Un côté rough très agréable, qui, paradoxalement, donne sa douceur au dessin. Qui donne aussi ce côté instantané à chaque case, comme un moment saisi dans la discussion, dans une situation.
Les couleurs restent également dans des teintes très douces. Tout va dans le sens de ce quotidien serein où couve quand même des ressentiments mais à l’image de la vie, ils surgissent quand on s’y attend le moins, au milieu du calme.
La composition de trois à cinq bandes de une à quatre cases permet de décélérer la narration pour prendre le temps de se poser sur des instants, des petits riens qui font la vie. La cadrage sait nous laisser voir parfois des plans d’exposition, posant les magnifiques décors de Arno Monin, tout comme il sait capter un regard, une lueur d’admiration dans l’œil de Quinaya, ou l’étonnement dans celui de Gabriel.

L’Adoption T1 Quinaya vous offrira un voyage doux et agréable mais les surprises seront au rendez-vous de cette rencontre improbable entre Gabriel et Quinaya. Une histoire mélancolique et tellement humaine aux dessins tendres qui conjugue avec délice les talents de Zidrou et d’Arno Monin.

Feuilletez les premières pages de la BD en cliquant sur l’image ci-dessous :


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