Killer Elite - Gary McKendry - critique

Critique : SAS, ça vous dit quelque chose ? Non, pas les romans de gare montrant des femmes dénudées et un flingue en couverture... Il s’agit du Special Air Service, une force spéciale de l’armée britannique, chargée d’opérations musclées en période de guerre comme de paix. Ils sont forts, intelligents et surentraînés ; ce sont apparemment des adversaires imbattables, et c’est à eux que Jason Statham doit s’attaquer dans Killer Elite. Résultat : de l’action, de l’action et encore de l’action, mais dans le cadre (pas nostalgique pour un sou) des années 1980, un temps où tous les mâles dignes de ce nom portaient la moustache et écoutaient les Clash ! Si le film insiste lourdement sur le caractère véridique de l’histoire qu’il raconte, il faut bien avouer que ce « souci historique » finit par jouer contre lui, dans la mesure où l’histoire parallèle de l’Histoire souffre d’un manque cruel de crédibilité. Le sultanat d’Oman, qui sert de cadre principal à l’intrigue, a un côté Orient de pacotille : dommage, sur une intention louable, de retomber dans un univers totalement manichéen... Ce n’est malheureusement pas le seul point sur lequel pêche le scénario, qui multiplie les flash-back balourds pour épaissir un peu la psychologie des personnages, et réussit à produire les dialogues les plus explicites de l’année 2011 (qui n’a jamais rêvé d’un film où les personnages disent tout ce qu’ils pensent ?).

© UGC Distribution

Côté courses-poursuites et agressions à main armée, le film remplit son contrat : ça cogne partout, dans des scènes pas toujours très « lisibles », malgré un ou deux morceaux de bravoure (notamment une séquence d’hôpital, où l’élite des mercenaires se confronte à l’élite de Sa Majesté). Pourtant, plus que les scènes d’action, on retient du film le trio improbable Jason Statham - Clive Owen - Robert De Niro, qui rivalisent de virilité et pilosité. Le film est construit à la gloire de Jason Statham (qu’il soit en liberté, à l’agonie ou attaché à une chaise), mais c’est une vraie surprise de voir Clive Owen s’amuser dans un rôle aussi brutalement physique. De Niro quant à lui a raccroché les parties les plus physiques de ses personnages, et demeure sans surprises une valeur sûre. Pour un premier film, Killer Elite reste finalement assez sage, et c’est peut-être ce manque d’audace - accompagné d’une naïveté confondante quant au « sérieux » de l’ensemble, annoncé par un premier carton hilarant - qui peine à nous passionner. Hésitant entre le « vrai film de mecs » et le « film qui fait réfléchir », Gary McKendry choisit une voie médiane et un peu tiède, qui n’arrive jamais à atteindre l’efficacité brute du film d’action et la complexité retorse du thriller politique. Choisis ton camp, camarade !