Le 20 novembre 2022
Pendant que des femmes et des hommes se font massacrer par les autorités iraniennes, Ali Asgari offre un petit miracle de cinéma, empreint de combativité et de dignité.
- Réalisateur : Ali Asgari
- Acteurs : Babak Karimi, Sadaf Asgari, Ghazal Shojaei, Amirreza Ranjbaran, Nahal Dashti
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Distributeur : Bodega Films
- Durée : 1h26mn
- Titre original : Ta farda
- Date de sortie : 16 novembre 2022
- Plus d'informations : Le monde de la culture s’engage aux côtés de la jeunesse iranienne
- Festival : Festival de Berlin 2022
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Résumé : Fereshteh doit cacher son bébé illégitime pendant une nuit à ses parents qui lui rendent une visite surprise. Son amie Atefeh l’aide. Elles se lancent dans une odyssée au cours de laquelle elles doivent soigneusement choisir qui sont leurs alliés.
Critique : Juste une nuit. C’est le temps qu’il suffit à Fereshteh pour faire garder sa petite fille de deux mois. En effet, elle est née dans le secret d’une relation sexuelle avec un garçon de son âge qui lui aurait préféré l’avortement. Aucun papier ne reconnaît officiellement l’existence du nourrisson, et les parents de la jeune mère doivent arriver chez elle à Téhéran dès ce soir.
- Copyright Bodega Films
Juste une nuit intervient pour sa sortie sur les écrans français, pendant que des étudiants se font arrêter et maltraiter par la police iranienne, dans l’indifférence générale des puissances mondiales. Le sujet essentiel de ce récit sobre et pétri d’émotions concerne la situation non pas de la femme en Iran, mais des mères isolées qui ont eu un enfant dans le secret d’une relation amoureuse. Le long-métrage accompagne les pérégrinations de deux jeunes-filles à la recherche d’une solution pour faire garder l’enfant. Il est hors de question pour Fereshteh que ses parents soient au courant, même si, secrètement, elle sait que cette situation ne pourra pas durer. Le film décrit les contradictions d’une société, écartelée entre la loi et le désir de liberté de sa jeunesse. L’hypocrisie demeure le moteur essentiel du fonctionnement social où chacun fait semblant de garder une certaine morale dans le comportement, tout en gérant au mieux qu’ils peuvent le particularisme de leur existence.
- Copyright Bodega Films
Le récit fonctionne à la manière d’un conte oriental. Le tragique s’invite en effet par mouvements circulaires, complexifiant de plus en plus l’intrigue qui se confronte aux impossibilités des personnages. Le plus intéressant demeure la manière dont le réalisateur instille dans son scénario des signes discrets et subtils qui témoignent de toute l’hypocrisie de la société iranienne. Le lien qui unit les deux jeunes femmes, lesquelles jouent d’ailleurs admirablement avec le voile qu’elles portent, semble relever d’une forme d’amour secret. Mais le réalisateur se garde d’afficher les choses frontalement. Il laisse les corps parler dans un léger mouvement de mains entre les deux jeunes femmes. La monstruosité, la peur de l’autre, s’invitent à leur tour dans ce duo courageux. Le merveilleux de la maternité finit par gagner. Pour une fois, dans une œuvre iranienne, Ali Asgari refuse l’emphase, l’excès de larmes ou de cris. Tout se joue dans l’intimité silencieuse de cette mère qui tente de concilier son amour puissant pour sa fille et les contradictions de la société iranienne. Il nous est impossible d’ailleurs de ne pas faire référence au courage du réalisateur dont nombre de ses collègues metteurs en scène, aujourd’hui, sont enfermés dans des prisons, comme récemment une tribune, portée par un collaborateur de la rédaction et signée de plus de deux-cents personnalités en témoigne : https://www.nouvellesimagespersanes.fr/LE-MONDE-DE-LA-CULTURE-S-ENGAGE-AUX-COTES-DE-LA-JEUNESSE-IRANIENNE
- © Bodega Films
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