Le 15 avril 2003
L’agonie d’un mari et l’espoir en embuscade pour une femme flouée.
L’agonie d’un mari et l’espoir en embuscade pour une femme flouée.
Des Moines, Iowa, un homme se meurt. Sa femme, ses trois filles et sa petite-fille se sont rassemblées dans la maison familiale. Dix ans avant son Pulitzer pour L’exploitation [1], Jane Smiley montrait déjà une maîtrise de dentellière dans la description des vibrations intimes et des relations intergénérationnelles.
Personnage central, Anna, la mère, toute de contradictions. Sa vie n’a été que contraintes et compromis. En quittant les jupes maternelles, elle est tombée sous la coupe d’un mari despotique qu’elle a servi sa vie durant, qu’elle continue à soigner... comment faire autrement ? Mais la révolte gronde, qu’elle tente de tenir à distance, emplie de culpabilité.
Jusqu’au lendemain, histoire d’une vie ordinaire et extraordinaire portrait intérieur d’une femme vieillissante qui se débat contre des sentiments antagonistes. Reconnaissance et rage envers ses filles qui assiègent sa citadelle ; pitié et animosité étouffée envers son mari. Mais si le constat est amer, si l’âge déjà tourmente son corps, une lueur d’espoir scintille au bout du tunnel de sa vie, et donne tout son sens au titre original du roman, At Paradise Gate. Les portes d’une sorte de paradis semblent pouvoir s’ouvrir pour Anna, lumineuses comme les montagnes du Wyoming au lever du soleil... celles de son enfance, tempérant la nostalgie de ce qui n’est plus et jamais plus ne sera. Anna, bouleversante, au seuil d’une dignité peut-être enfin à portée de main.
Jane Smiley, Jusqu’au lendemain (At Paradise Gate, traduit de l’anglais (États-Unis) par Mélanie Blanc-Jouveaux), Rivages, 2003, 230 pages, 16,50 €
[1] L’exploitation (A Thousand Acres, Pulitzer 1992), comme tous les autres romans de Jane Smiley, est publié chez Rivages
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