Le 8 juin 2021


- Réalisateurs : Fernando Espinoza - Alejandro Legaspi
- Acteurs : Rosa Isabel Morffino, Maritza Gutti, Julio Vega
- : Bobine Films
- Genre : Drame
- Nationalité : Péruvien
- Date de sortie : 9 juin 2021
- Durée : 1h34min
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Ce film péruvien, inédit en France, est une chronique sociale touchante, aux accents de néoréalisme. Le récit documente de manière implacable la pauvreté des faubourgs de Lima, à la fin des années 80.
Résumé : ima, dans les années 80. Maltraitée par son beau-père, la jeune Juliana prend la fuite. Livrée à elle-même, l’adolescente coupe ses cheveux et se fait passer pour un garçon. Sous une autre identité, l’adolescente intègre alors une bande d’enfants des rues qui se débrouillent comme ils peuvent pour survivre. Face aux menaces du monde adulte, le clan va rapidement devoir unir ses forces.
- Copyright Bobine Films
Critique : Le long métrage Juliana, sorti en 1989, est enfin présenté dans les salles françaises. A l’intersection du documentaire et de la fiction, rappelant à bien des égards le néoréalisme italien, il est l’œuvre du duo de metteurs en scène et documentaristes Fernando Espìnoza et Alejandro Legaspi, qui avaient déjà signé Gregorio, en 1984, sur l’installation d’une famille andine à Lima, dans un contexte d’exode rural massif.
Par de lents travellings, Juliana témoigne de la pauvreté des faubourgs de la capitale, après des années de régime militaire et les nombreuses victimes engendrées par la lutte armée, à l’instigation des communistes du Sentier Lumineux. L’ombre des défunts plane sur le cimetière que fréquente l’adolescente, affectée à l’entretien des tombes. Le motif de la mort traverse toute la première partie, dans des séquences parfois édifiantes, où les sirènes de la police accompagnent un cercueil, où tout le monde se tait lorsqu’une trompette retentit comme un glas, avant le coucher du soleil. Pour autant, loin de céder à un symbolisme de circonstance, le film demeure à hauteur d’enfant, saisissant, à travers le regard pétrifié de Juliana, la violence d’une scène reléguée dans un hors-champ signifiant. La même confie sa douleur d’être maltraitée à son défunt père, parle devant une tombe albâtre.
Echappant à la sévère férule de son parâtre, l’adolescente, éprise d’émancipation, finit par rejoindre d’autres jeunes maltraités, en déshérence, qu’on croirait issus d’un récit de Dickens, d’autant qu’ils sont livrés à un exploiteur adulte. Les maigres économies amassées par les gamins, au gré de quelques chants entonnés dans des bus, leur permettent à peine de survivre. Mais le temps d’un match de foot sur la plage, d’une baignade en mer, de rythmes martelés sur des percussions, l’énergie de l’enfance, sans cesse menacée par les circonstances, semble reconquérir un peu d’espace, les nécessiteux lorgnant aussi sur les produits de la mondialisation économique, qui se déclinent en vêtements, télévisions, musiques, films.
- Copyright Bobine Films