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Le 19 avril 2005


Tronchet aide son nourrisson à écrire son journal intime. Une jolie réussite entre humour et confession intime.
En aidant son nourrisson de fils à rédiger le journal intime de ses trois premières années, le dessinateur Didier Tronchet prouve qu’en plus d’être un père à peu près accompli il est un littérateur qu’on accepte volontiers dans la famille des auteurs de chevet.
Didier Tronchet est un artiste agaçant, de ceux qui papillonnent d’un art à l’autre, comme si la bande dessinée, où il excelle pourtant - lire les excellentes aventures de Jean-Claude Thergal - ne suffisait pas à son bonheur. Non content de s’être produit sur scène dans un one-man show inspiré de ses albums où d’avoir fait tourner Richard Berry et Clotilde Coureau dans un long métrage (Le nouveau Jean-Claude, 2002), Tronchet nous revient cette fois avec des prétentions littéraires, même si ce Journal intime d’un bébé formidable ne constitue pas son coup d’essai, puisque l’homme nous avaient déjà livré deux petits traités , l’un consacré à la "vélosophie" [1], et l’autre à la "footbalistique" [2].
Il faut toutefois noter que ce journal intime marque un tournant dans le parcours de Tronchet, qui pour la première fois ne se retranche pas derrière un avatar pour parler de son sujet de prédilection : lui-même - encore que l’observateur attentif puisse remarquer que Tronchet n’apparaît crédité que comme co-auteur de ce roman, le narrateur en étant son fils, Antoine, né en 1998, et dont son père retranscrit au jour le jour les trois premières années, dans ce qu’elle ont à la fois de personnel mais aussi d’universel. On touche d’ailleurs dans cette dimension précise au second axe de l’œuvre de Tronchet, qui en plus de l’autobiographie déguisée, cherche toujours à faire œuvre de salut public. En toute modestie. Puisque l’auteur, interrogé par le magazine Bo Doï en octobre 2004, avouait s’être ici fixé le but d’écrire à l’intention de ceux qui n’ont pas le temps où le talent de rédiger un journal intime à l’adresse de leurs propres enfants.
Le concept de cet ouvrage - un bébé qui parle au nom des autres bébés - pour amusant qu’il soit pourrait toutefois vite s’essouffler. Heureusement il n’en est rien, tant Tronchet excelle à pointer du doigt les petits et grands faits qui émaillent la vie des nourrissons, tout en n’occultant rien des nuits blanches, de l’agacement ou des interrogations existentielles de leurs jeunes parents. Autant dire qu’on évite donc ici l’écueil de la simple mise en littérature d’un quotidien béat. Car en conservant à son témoignage un style incisif et alerte, Tronchet donne à ce roman - qui finalement n’en porte que le nom - la délicieuse saveur d’un blog imprimé sur papier, qui entre humour et confession intime parle à ce que tout homme possède de meilleur en lui : l’amour irraisonné de ses enfants.
Didier Tronchet, Journal intime d’un bébé formidable, Flammarion, 2005, 186 pages, 15 €