Le 13 avril 2022
Le journal du plus célèbre prisonnier politique du dix-neuvième siècle constitue un témoignage unique. Les Éditions des Saints Pères en proposent un fac-similé dans un magnifique ouvrage.
- Auteur : Alfred Dreyfus
- Editeur : Editions des Saint-Pères
- Genre : Autobiographie
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 11 mars 2022
- Plus d'informations : Le site officiel
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Résumé : Le Journal d’Alfred Dreyfus est un document historique et poignant écrit alors que l’homme est en déportation sur l’Île-du-Diable, entre 1895 et 1896. Près de 125 ans après une affaire qui est encore analysée par les spécialistes et adaptée dans des œuvres culturelles, cet ouvrage offre une immersion unique dans les pensées heurtées et suppliciées du plus célèbre innocent de l’histoire de France.
- Copyright Éditions des Saints Pères
Critique : C’est un document unique à bien des égards qu’exhument les Éditions des Saints Pères, avec la participation de la Fondation Zola-Dreyfus. Le fac-similé du journal d’Alfred Dreyfus, tenu du 14 avril 1895 au 10 septembre 1896, alors que le capitaine purge sa peine le l’Île-du-Diable, constitue un témoignage à la fois historique et individuel particulièrement poignant. Après sa condamnation pour espionnage au profit de l’Allemagne, le militaire est incarcéré dans divers lieux, avant d’être conduit au large de la Guyane, sur une petite île rocheuse où les prisonniers politiques et les détenus de droit commun purgent leurs peines depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Nous sommes le 13 avril 1894. Le lendemain, le bagnard pose les premiers mots sur son carnet de trente-deux feuillets.
- Copyright Éditions des Saints Pères
Dès les phrases inaugurales rédigées d’une encre violette, l’accusé évoque son désarroi, à la lumière d’une rationalité trahie, d’une croyance en la justice des hommes implacablement désavouée, qui conduit au sombre dessein du suicide : "J’étais décidé à me tuer après mon unique condamnation". Seul l’amour de sa épouse Lucie, indéfectible soutien du banni, le retient de passer à l’acte : "J’ai cependant cédé aux instances de ma chère femme, j’ai eu le courage de vivre !".
Dreyfus tient la compatibilité quotidienne de ses tourments, dans la géographie d’un minuscule périmètre à parcourir, sans cesse sous surveillance. S’il craint les conséquences affectives de sa disparition pour toute sa famille, il ne dissocie pas cette mort possible du combat mené pour sa réhabilitation. Le 8 janvier 1896, Dreyfus note : "J’ai compris combien ma disparition serait un choc terrible pour ma chère femme, pour toute ma famille. Il me faut donc vivre, tant que j’aurai des forces, tant que j’aurai un souffle, pour les soutenir dans leur noble mission."
En attendant, il lui faut affronter l’ennui, la dépression, la fièvre qui l’accablent, ainsi que la dureté de ses gardiens.
On ne lâche pas les quatre-vingts pages de ce journal où la lucidité de l’écriture semble lutter contre les assauts d’une réalité impitoyable, qui s’infléchit pourtant, lorsque le 19 septembre 1899, le militaire est gracié par le président de la République Emile Loubet. L’émouvante lettre adressée par Emile Zola à Lucie Dreyfus prolonge par des mots à la fois chaleureux et lumineux cette première victoire. Elle est reproduite intégralement en postface.
Pour tous les amoureux de littérature et d’histoire, cet ouvrage de grand format à la couverture toilée au tirage bleu nuit, qu’enserre un coffret fabriqué à la main, s’avère un indispensable objet.
Éditions des Saints Pères
Tirage bleu nuit, numéroté de 1 à 1000, 120 €
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