Jerry Engels

Une éducation sentimentale et sexuelle dans l’Amérique des années cinquante. Attachant, malgré l’abondance de situations déjà lues.

"Je croyais que je n’avais plus de raison de vivre", lance Jerry Engels, "mais ce qui est marrant, c’est qu’on en trouve toujours une autre." Constat doux-amer, à l’image de cette attachante éducation sentimentale, située dans l’Amérique du début des années cinquante. Avec Jerry Engels, l’Américain Thomas Rogers donne un second volet aux aventures du héros qu’il avait déjà mis en scène dans Vacances en Indiana, publié par Gallimard en 1984.
Jerry est un jeune homme passionné par l’amour sous toutes ses formes, au point que toute autre étude le lasse aussitôt, à commencer par ses cours à l’université de Pennsylvanie. Ses relations avec ses copains de chambrée ne sont pas de tout repos, et cet amoureux chronique préfère la compagnie des femmes. De ses anciennes petites amies à la prof de lettres, en passant par une camarade inquiète de sa propre attirance pour les femmes, il dessine sa Carte du Tendre avec un appétit qui n’a d’égal que sa maladresse. L’univers des colleges, les fraternités, l’éveil à la sexualité (le rapport McKinsey n’est pas loin), le tout sur fond de guerre en Corée : le tableau n’est certes pas nouveau. Thomas Rogers navigue dans des eaux bien connues de la littérature américaine contemporaine, des romans de Philip Roth au récent Je vous emmène, de Joyce Carol Oates. Mais son talent consiste à donner vie, au-delà de ces thèmes usés, à un héros cocasse et lunaire, touchant de naïveté et de bonne volonté (souvent) mal placée. Un roman alerte et séduisant, à l’image de son héros.