Le 14 octobre 2013
- Dessinateur : LERECULEY, Jérôme
- Série : Wollodrin
- Genre : Fantasy
- Editeur : Delcourt
Jerôme Lereculey nous parle du quatrième tome de Wollodrïn, des orcs et d’Iron Maiden !
C’est dans sa maison, en terre bretonne, que Jerôme Lereculey nous a gentiment accueillis. Cheveux longs, barbe fournie, pantalon en peau de bête, il aurait eu un glaive dans la main que ça n’aurait surpris personne.
Mais, sous ces airs de tueur de gobelins, se cache un personnage sympathique et généreux qui aime ce qu’il fait. Son plaisir est extrêmement communicatif, d’ailleurs, vous en jugerez par vous-même...
Jérôme, présentez-nous ce tome 4 de Wollodrïn...
Ah ah... C’est la suite du tome 3 (rire).
C’est la fin du diptyque entamé sur le tome 3. On était parti sur une histoire de convoi qui voulait aller vers une terre promise et qui, ayant besoin de guides, a engagé nos deux héros, Onimaku et Hazngar. A la fin du tome, ils arrivaient dans une ville et, pendant la nuit, il se passe un truc bizarre : le cimetière se réveille.
Le tome 4, c’est la continuité : le cimetière est réveillé et nos héros sont coincés dans la ville. Et ils veulent en sortir. mais ce ne sera pas si simple ...
Va-t-on retrouver le convoi dans le prochain diptyque ?
Non ! Enfin, je ne pense pas. Peut-être au tome 6, je ne sais pas, moi je n’ai que le tome 5...
Et il y aura bien 8 tomes de Wollodrïn ?
Ah non, on ne sait pas... Ça pourra être 8 ou 10... Enfin, David (Chauvel, le scénariste, ndlr) a dit qu’il faudra au moins 8 tomes pour un premier cycle. Après, on verra...
Parlons du scénariste, justement : David Chauvel. Ça fait combien d’albums que vous travaillez ensemble ?
3 Nuit Noire, 9 Arthur, Séraphin, Sept Voleurs, 4 Wollodrïn, ça fait 18 albums...
On m’a dit que David Chauvel avait un caractère "de Breton" ?
Qu’est-ce qu’ils entendent par là ? Il n’est pas caractériel, même s’il a du caractère. Au moins, il sait ce qu’il veut et c’est bien. Et puis il est super fiable, bon et attentionné, et ça, c’est bien pour un dessinateur. Travailler avec lui, c’est l’idéal.
Il laisse des libertés et comme chaque dessinateur a sa façon de raconter, ça fait un mix entre son style et l’histoire de David ce qui fait une narration propre à chaque série.
Vous n’avez pas envie de faire autre chose que du David Chauvel ?
Si : je travaille en ce moment sur une série, Golias, avec Serge Le Tendre. On a sorti 2 albums, le tome 2 est paru en septembre dernier.
Je fais 2 albums par an : un pour David, un pour Serge.
Quelles sont les influences pour Wollodrïn ? Beaucoup de Tolkien mais ensuite...
Oh oui, Tolkien et tout ce qui tourne autour de Tolkien : les précédentes bandes dessinées, les illustrations, les films... Tout ce qu’ont fait John Howe et Alan Lee. Et l’adaptation BD de Bilbo, aussi. Et puis également ce qui a été fait chez Warhammer.
Warhammer a donné certaines bases, notamment sur les orcs. Ils ont quand même imposé quelque chose. Et il y a aussi ce qu’a fait Rackham, avec Paul Bonner qui a fait de très bonnes illustrations et les figurines Rackham sont très belles, il y a de super orcs !
Il y avait également, comme source d’inspiration, quand j’étais plus jeune, les livres dont vous êtes le Héros où il y avait beaucoup d’illustrations de fantasy. Je les regardais souvent quand j’étais ado, ça m’a donné des idées.
Sinon, il y a aussi tous les grands dessinateurs réalistes : Rossi, Moebius, Goossens... Goossens, c’est mon idole. Je le rencontrerai peut-être, un jour. J’aurai peut-être une dédicace, un jour.
Dans ce tome, il y a des orcs mais aussi beaucoup de zombies. Doit-on chercher des références à Walking Dead ?
Non. Pas pour moi en tous cas. Pour David peut-être mais je ne pense pas. Mais il est vrai que David aime bien les films de zombies et qu’il voulait faire un hommage à ces films horrifiques.
Et au niveau du dessin, je n’ai pas lu Walking Dead, ou peut-être un ou deux albums, donc non, pas de références.
Mais pour faire des zombies, c’est simple : il faut connaitre l’anatomie et après on s’amuse à enlever des trucs. Dessiner des zombies, c’est dessiner des squelettes avec un peu de chair dessus ou alors, des bonhommes avec des trucs en moins.
Des trucs en moins mais des tripes en plus. Ce tome 4, ainsi que la fin du tome 3 est plus "saignant" que le reste de la série...
Forcément, il y a des zombies et quand il y a des zombies, ça devient un peu gore. C’est plus spectaculaire mais j’espère que ce n’est pas non plus rebutant. Oui, il y a plus de tripes mais c’est plutôt marrant...
Et puis, si c’est impressionnant, tant mieux !
Dans l’anatomie, comme pour les paysages, le niveau de détails est impressionnant. C’en est surprenant que vous puissiez faire 2 albums par an.
Oui, je ne m’ennuie jamais.
Dessiner les très grosses cases richement détaillées, c’est quoi pour vous, le pied total ou l’enfer le plus complet ?
Ah non, c’est sympa. C’est pas plus compliqué que les autres cases.
Ce qui est compliqué c’est ça (il me montre l’album ouvert). C’est quand il y a beaucoup de cases. Après c’est juste du dessin : tu traces une perspective et après tu dessines dedans.
Est-ce que l’anatomie de l’orc et l’anatomie humaine c’est la même chose ?
(Rire) Oui, ce sont les mêmes bases mais un peu transformées. Par exemple, l’orc a les pattes plus courtes. En fait, il est entre l’homme et le gorille. Mais avec lui, je m’amuse bien, c’est mon personnage préféré !
Pour les personnages, vous basez-vous sur des personnages réels, comme des acteurs ou des personnes de votre entourage ?
Non. Non, non.Tout est entièrement imaginé.
Il y a plus d’humour dans ce tome 4. Du coup, il y a des traits du visage de l’orc qui sortent du registre de l’héroïc fantasy qui se veut plus sérieux. Ce n’est pas trop difficile de dessiner ces traits de caractères-là sur un orc ?
De l’humour ? Ah, peut-être, oui. C’est sûrement pour contrebalancer avec l’ambiance un peu glauque.
Non... Enfin... Moi, je l’aime bien, mon orc. J’aime beaucoup le dessiner et si je peux lui faire faire des expressions en plus des expressions agressives, en lui faisant faire des grimaces ou le faire rigoler, c’est plutôt sympa. Et c’est pas spécialement plus difficile.
Il n’y a pas de nus dans Wollodrïn. C’est une réelle volonté ?
Effectivement. A un moment, Onimaku est dans son bain mais on ne voit rien.
D’abord, je pense que David n’aurait pas été d’accord pour en mettre et moi, je ne vois pas trop l’intérêt. Dans Wollodrïn, tout du moins, ou alors il faudrait que ce soit justifié dans l’histoire. Ça va peut-être arriver, on ne sait pas, mais pour l’instant ce n’est pas au programme. En même temps, je ne suis pas un grand dessinateur de femmes (rire), il y a peut-être ça aussi !
Le nu, j’aime bien le faire en atelier mais j’en dessine pas tant que ça. Je dessine plus des chevaux (il me montre cette scène hallucinante où Hazngar use d’un cheval mort). En fait j’adore dessiner les animaux et dès qu’il y en a, j’essaie de faire ça bien et avec une attention particulière. Je travaille tout le temps l’anatomie animale, l’humaine aussi évidemment, mais l’anatomie des animaux m’intéresse particulièrement ! Et comme je ne la maîtrise pas comme je le voudrais, je travaille, je travaille...
Et si j’aime beaucoup dessiner les chevaux, c’est parce que, d’abord , plastiquement, ça a de l’allure. De plus, c’est pratique car on peut en avoir souvent besoin dans des séries où la voiture n’a pas encore été inventée, ce qui couvre une bonne période de l’histoire ! Donc on a souvent besoin des chevaux... Voila voilà, chacun son dada !
Et vous n’avez pas envie de dessiner autre chose que de la fantasy ou de l’historique ?
Comme de la science-fiction, par exemple ? Déjà, j’ai fait dans le contemporain avec Nuit Noire. C’était du polar et c’était très intéressant. L’avantage du contemporain, c’est que toute la doc est à disposition, là, devant nos yeux, c’est assez pratique. Mais bon, je m’amuse tellement à faire ce que je fais en ce moment que je n’ai pas d’envies différentes. J’aimerais bien refaire un Séraphin mais ce n’est pas encore au programme et il faut trouver le temps.
Vous lisez de la BD ? C’est quoi vos coups de cœur du moment ?
Oui, j’en lis un petit peu. J’en ai qui traînent dans des endroits stratégiques.
Je lis des classiques, car je relis mes BDs, mais en nouveautés, j’adore ce que fait Benjamin Flao, je trouve ça très classe. Son dernier, Kililana Song, était magnifique. J’ai hâte de lire le tome 2. J’aime bien ce que fait Emmanuel Lepage, également. Voyage aux Iles de la Désolation et Un Printemps à Tchernobyl. C’est intéressant et beau.
J’admire également le travail de Christian Rossi ... Et aussi plein d’autres artistes supers que je n’ai évidemment pas en tête !
Bien sûr, il y a le dernier Goossens, Sacré Comique, qui est très réussi !
Et j’aime beaucoup ce que fait Tébo , surtout Captain Biceps : de très bons dessins, très dynamiques, très efficaces et très drôles !
Y a-t-il des références musicales dans Wollodrin ? En page 53, il y a ce personnage qui crie "Courez, courez pour votre vie" et qui me rappelle...
(Rire démoniaque de métalleux) Run To The Hill ? Alors je ne sais pas et je doute que David connaisse Run To The Hill ! Et il y a peut-être des bestioles qui rappellent un peu Eddy (ndlr : la mascotte d’Iron Maiden). En même temps quand tu dessines des têtes de mort aux cheveux longs, ça rappelle forcément des choses.
En tous cas, moi j’aime beaucoup Iron Maiden. Enfin, jusqu’à Powerslave.
Après j’ai plus écouté du Trash Metal mais, maintenant, je n’écoute plus beaucoup de musique ou alors Death, le père du Death Metal. Mais à présent, en musique, je ne suis plus du tout à l’affût des nouveautés.
D’ailleurs, maintenant, je travaille en silence, c’est beaucoup mieux pour se concentrer
Le mot de la fin ?
Tout est beau si c’est bien cadré ! Ça te plaît, ça ? (Rire)
Un grand merci à Jérôme pour cet entretien et ce très chouette dessin (pourtant réalisé en un temps record).
Wollodrïn, Le convoi 2/2 (Chauvel, Lereculey) aux Editions Delcourt - 14.50€
Galerie Photos
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