Le 10 février 2013
Marie-Christine Barrault sera la marraine du Festival Auribeau-sur-scène qui rendra hommage à son oncle Jean-Louis Barrault.
Le Festival de théâtre Auribeau-sur-scène se tiendra des 5 au 7 juillet 2013 à Auribeau-sur-Siagne, situé à quelques kilomètres de Cannes. Christine Bernard, sa présidente, recevra Marie-Christine Barrault qui fera une lecture en hommage à son oncle. aVoir-aLire retrace le parcours cinématographique des deux comédiens ainsi que celui de Madeleine Renaud.
La riche carrière théâtrale de Jean-Louis Barrault (1910-1994) et son épouse Madeleine Renaud (1900-1994) ne sera pas évoquée ici. On sait que les deux comédiens, qui avaient été sociétaires de la Comédie-Française, ont réalisé des tournées mondiales triomphales, que Barrault a innové dans l’art de la mise en scène, notamment à l’Odéon, et que Renaud a été à l’aise dans des univers très différents, du vaudeville de Feydeau au théâtre de l’absurde de Beckett (Oh les beaux jours !). Le cinéma leur a permis d’élargir leur audience auprès du grand public tout en consolidant leur notoriété. En 1986, ils président la cérémonie des César, succédant à des personnalités aussi fortes que Jean Gabin, Lino Ventura ou Orson Welles.
Jean-Louis Barrault tourne une cinquantaine de films entre 1935 et 1988. Il est révélé par Marcel Carné qui lui confie le rôle de William Kramps, dit « le tueur de bouchers », dans ce classique de la comédie policière qu’est devenu Drôle de drame (1937), adaptation dialoguée par Jacques Prévert (« Bizarre, vous avez dit bizarre… »). Barrault arrive à s’imposer face à Michel Simon et Louis Jouvet et s’avère très drôle dans ses séquences de séduction de Françoise Rosay. Son jeu halluciné, très théâtral, marque clairement l’influence de la scène. Les portes du vedettariat lui sont alors offertes. Sacha Guitry lui fait incarner à deux reprises Napoléon Bonaparte, dans Les perles de la couronne (1937), puis dans Le destin fabuleux de Désirée Clary (1942), qui ne le montre pas à son avantage. Barrault peut en faire des tonnes et surjouer, ce que confirme son interprétation d’Hector Berlioz dans La symphonie fantastique, biopic académique de Christian-Jaque (1942). Mais il se surpasse en retrouvant Carné et Prévert dans Les enfants du paradis (1945). Il y incarne le mime Baptiste Deburau auprès d’Arletty et Pierre Brasseur. Le triomphe de ce film, considéré comme le plus beau de l’histoire du cinéma français, accroît son aura.
La suite de sa carrière cinématographique sera moins marquante, mais il participe à des œuvres de prestige en incarnant l’un des protagonistes de La ronde (Max Ophuls, 1950), d’après Arthur Schnitzler ; Fénelon dans Si Versailles m’était conté (Sacha Guitry, 1953) ; ou bien un prêtre dans Le jour le plus long, en 1962 (avec Madeleine Renaud). Sa collaboration artistique avec Jean Renoir en 1959 s’avère décevante. Le testament du docteur Cordelier, libre adaptation de Docteur Jekyll et Mister Hyde, est un échec critique et public. Barrault prend alors ses distances avec le cinéma et il faudra attendre 1982 pour le voir dans un rôle et un film dignes de son talent. Ettore Scola lui confie en effet le rôle de Restif de la Bretonne dans La nuit de Varennes, dans lequel il partage l’affiche avec Marcello Mastroianni incarnant un Casanova vieillissant. Hanna Schygulla, Harvey Keitel et Jean-Claude Brialy complètent la distribution. Son dernier rôle sera une participation dans La lumière du lac de Francesca Comencini (1988), dans lequel il retrouve Madeleine Renaud avec qui il avait également tourné quelques autres films.
Madeleine Renaud a quant à elle tourné une trentaine de films entre 1922 et 1988 mais l’essentiel de sa carrière cinématographique se situe dans les années 30 et 40. Elle devient une vedette dès l’arrivée du parlant avec Jean de la Lune (1931), d’après Marcel Achard et interprète ensuite Maria Chapdelaine dans la version de Julien Duvivier, en 1934. C’est le trop méconnu Jean Grémillon, cinéaste maudit, qui lui confiera ses plus beaux rôles à l’écran. Elle est l’épouse de Raimu dans L’étrange Monsieur Victor (1937) puis celle de Jean Gabin dans Remorques (1940) : en épouse délaissée et malade, elle fait jeu égal avec Michèle Morgan qui a le premier rôle féminin. Suivent deux sommets réalisés en 1943, et dans lesquels elle est toujours dirigée par Jean Grémillon, en tête d’affiche. Dans Lumière d’été, elle incarne une aubergiste, ancienne danseuse à l’Opéra de Paris. Dans Le ciel est à vous, tiré d’une histoire vraie, elle joue une aviatrice méritante et forme un superbe couple avec Charles Vanel. Le film sera salué tant par les réseaux résistants que par les autorités de Vichy. Au cinéma, Madeleine Renaud a un jeu sobre et émouvant et ne cède jamais aux sirènes du cabotinage. Âgée de 44 ans à la Libération, elle prend ses distances avec le 7e art. Il faudra attendre 1952 pour voir son grand retour à l’écran : dans le segment La maison Tellier du film Le plaisir, de Max Ophuls, d’après Maupassant, elle est la tenancière de maison close emmenant ses « filles » à une communion solennelle en pleine campagne : elle y partage l’affiche avec Danielle Darrieux et Jean Gabin. En 1960, elle incarne la mère supérieure dans Le dialogue des Carmélites, d’après Bernanos. Elle brille aussi dans des comédies populaires, donnant la réplique à Yves Montand dans Le diable par la queue (Philippe de Broca, 1968) ou Annie Girardot et Philippe Noiret dans La mandarine (Edouard Molinaro, 1972). Son dernier rôle marquant a lieu en 1977 dans Des journées entières dans les arbres, de Marguerite Duras, d’après sa pièce de théâtre.
Marie-Christine Barrault a tourné une cinquantaine de films depuis 1969. Elle est révélée en incarnant le second rôle féminin dans Ma nuit chez Maud, d’Eric Rohmer, auprès de Jean-Louis Trintignant et Françoise Fabian. Elle y incarne Françoise, jeune femme blonde catholique pratiquante, dont s’éprend Trintignant après l’avoir vue à la messe. Elle y révèle son jeu fin et subtil.
À 25 ans, elle est propulsée valeur sûre du cinéma français. Sa carrière est lancée et elle va alterner premiers et seconds rôles, dans des films d’auteur aussi bien que populaires. Elle est la partenaire de Pierre Richard dans Le distrait, en 1970, et connaît un triomphe dans Cousin, cousine, de Jean-Charles Tacchella, en 1975. Ce qui lui vaut d’être nommée à l’Oscar de la meilleure actrice, rare honneur pour une Française. Les autres comédiennes françaises ayant eu ou qui auront cette distinction sont Simone Signoret, Anouk Aimée, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Marion Cotillard et Emmanuelle Riva. Sa notoriété internationale est alors acquise et elle aura même l’occasion d’être dirigée par Woody Allen dans Stardust memories, en 1980. Aussi à l’aise dans le drame que la comédie, elle est capable de rompre avec son personnage de jeune femme souriante et charmante.
Dans sa biographie, elle insiste d’ailleurs sur le fait qu’en dépit des apparences, elle n’a rien d’une femme rangée, bien que ce soit souvent pour cet aspect que les réalisateurs l’aient retenue. Elle tourne ainsi sous la direction d’André Delvaux dans Femme entre chien et loup (1979) ou José Pinheiro dans Les mots pour le dire (1983), d’après Marie Cardinal, et dans lequel elle joue la mère possessive et psychorigide du personnage que Nicole Garcia interprète à l’âge adulte. Mais elle est également très drôle en Mme Verdurin dans Un amour de Swann, de Volker Schlöndorff (1984), face à Jeremy Irons, Ornella Muti et Alain Delon. Marie-Christine Barrault a aussi été dirigée par des cinéastes aussi divers que Francis Girod, Manoel de Oliveira, Andrzej Wajda, Jean Marbœuf, Jean-Pierre Mocky ou Pascal Thomas. Son dernier grand rôle à l’écran a été celui de la mère de Chiara Mastroianni dans Non ma fille tu n’iras pas danser, de Christophe Honoré, en 2009. Marie-Christine Barrault a été l’épouse du producteur Daniel Toscan du Plantier puis du réalisateur Roger Vadim.
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