En terre inconnue
Le 4 décembre 2008
Cette fiction aux faux airs de documentaire s’interroge sur le pouvoir de l’image à travers la confrontation d’une icône de cinéma aux destructions de la guerre. Si la démarche est pertinente, le film reste un peu trop dans la suggestion.


- Réalisateurs : Joana Hadjithomas - Khalil Joreige
- Acteurs : Catherine Deneuve, Rabih Mroué
- Genre : Drame, Documenteur / Found-footage
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 3 décembre 2008
- Festival : Festival de Cannes 2008
– Durée : 1h15mn
– Les photos
– Le test DVD
Cette fiction aux faux airs de documentaire s’interroge sur le pouvoir de l’image à travers la confrontation d’une icône de cinéma aux destructions de la guerre. Si la démarche est pertinente, le film reste un peu trop dans la suggestion.
L’argument : Juillet 2006. Une guerre éclate au Liban. Une nouvelle guerre mais pas une de plus, une guerre qui vient briser les espoirs de paix et l’élan de notre génération.
Nous ne savons plus quoi écrire, quelles histoires raconter, quelles images montrer. Nous nous demandons : "Que peut le cinéma ?".
Cette question, nous décidons de la poser vraiment. Nous partons à Beyrouth avec une " icône ", une comédienne qui représente pour nous le cinéma, Catherine Deneuve. Elle va rencontrer notre acteur fétiche, Rabih Mroué.
Ensemble, ils parcourent les régions touchées par le conflit.
A travers leurs présences, leur rencontre, nous espérons retrouver une beauté que nos yeux ne parviennent plus à voir.
Une aventure imprévisible, inattendue commence alors...
Notre avis : Et si Catherine Deneuve invitée pour un gala à Beyrouth exprimait le désir impérieux de se rendre au Sud Liban pour voir, à défaut de savoir ? Tel est le point de départ d’un film dont les acteurs jouent leur propre rôle, des deux protagonistes principaux à l’ensemble de l’équipe, en passant par l’ambassadeur de France au Liban. Alors, fiction, documentaire ou docufiction ? Pour mieux s’interroger sur le pouvoir des images, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, plasticiens et cinéastes libanais, les déconstruisent, quitte à les détourner. Que les évènements décrits dans le film (un avion israélien volant en rase-motte déclenche la panique, un terrain sécurisé se transforme soudain en chemin de terre miné) aient été vécus par les réalisateurs et non par les acteurs, que l’alchimie à l’écran entre Catherine Deneuve et Rabih Mroué dépasse ou pas le cadre du film, peu importe au fond. Un tel projet ne pouvait de toute façon se concevoir sans un rapport étroit entre fiction et vécu, scénarisation et improvisation.
Je veux voir, c’est la rencontre de Rabih et Catherine (les personnages) en route pour un pèlerinage vers le sud. Cathodique pour l’une, mémoriel pour l’autre. Rabih, libanais de Beyrouth retourne en effet pour la première fois depuis longtemps dans le village de sa grand-mère détruit par les bombardements israéliens. Si Rabih accepte de partager cette expérience filmée avec Catherine Deneuve, lui qui se défie des images, c’est bien parce qu’il a a contrario besoin de l’image dans toute sa symbolique, pour faire le deuil de ses souvenirs.
Peu à peu, une connivence s’installe au détour d’une citation de Belle de jour ou simplement du sentiment de l’expérience partagée. Ėchanges de regards et de sourires rythment le défilement du paysage sur le trajet du retour avant de laisser la place à un silence complice, comme si les réalisateurs prenaient garde à monopoliser le moins possible l’espace afin de laisser l’intuition et la réflexion du spectateur prendre le relais de l’image. La distance bienveillante de Catherine à laquelle répond la pudeur de Rabih imposent ainsi que certaines choses ne puissent être dites qu’en voix-off et hors de la présence de l’intéressée. Manque de témérité ou dernier pied de nez à l’image ?
- © Shellac
Norman06 29 avril 2009
Je veux voir - La critique
Dispositif de documentaire fiction attachant et singulier dans sa démarche cinématographique et politique. L’engagement et la sincérité de Catherine Deneuve ne font pas de doute même si on peut regretter ses poses de star face à la détresse humaine.
Frédéric Mignard 7 mars 2010
Je veux voir - La critique
Entre faux documentaire et ésthétique de film contemplatif, Je veux voir regorge de charme, d’intelligence et de finesse. Mais une heure de métrage, c’est tout de même un peu court...