Le 20 janvier 2022
Malgré un scénario alambiqué, Memory Box parvient à restituer le souvenir douloureux de la guerre au Liban au début des années 80.
- Réalisateurs : Joana Hadjithomas - Khalil Joreige
- Acteurs : Rim Turki, Manal Issa, Paloma Vauthier, Clémence Sabbagh
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Canadien, Libanais, Qatarien
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 19 janvier 2022
- Festival : Festival de Berlin 2021
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Montréal, le jour de Noël, Maia et sa fille, Alex, reçoivent un mystérieux colis en provenance de Beyrouth. Ce sont des cahiers, des cassettes et des photographies, toute une correspondance, que Maia, de 13 à 18 ans, a envoyé de Beyrouth à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile. Maia refuse d’affronter ce passé mais Alex s’y plonge en cachette. Elle y découvre entre fantasme et réalité, l’adolescence tumultueuse et passionnée de sa mère dans les années 80 et des secrets bien gardés.
Critique : Une étrange boîte arrive au domicile de Maia. Le paquet imposant contient des carnets, des récits intimes, des cassettes et des photographies, témoignant de l’adolescence de Maia, mais surtout de tout un pays, le Liban, en proie à un conflit civil désastreux qui a fait plus de 200 000 morts et défiguré la ville ancienne. Parler de la grande Histoire à travers le destin singulier d’une famille, ici d’origine libanaise arrivée au Canada il y a plus de trente ans, est une expérience assez courante au cinéma. La patte de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas cherche résolument à élever le récit dans une savante reconstruction de l’image. La mise en scène multiplie les effets de style et, finalement à la façon des réseaux sociaux dont les jeunes raffolent, réécrit une histoire qui a été celle de Maia et de Beyrouth.
- Copyright Haut et Court
Il y a beaucoup d’originalité dans la manière dont les deux cinéastes s’invitent dans les souvenirs de la mère. Sa fille, Alex, devient le témoin privilégié d’un récit qui ne lui appartient pas mais dont ses aînés lui ont tu une grande partie des secrets. Elle découvre à travers les objets disséminés dans le carton une part inconnue de sa mère et de sa grand-mère. Surtout, elle entreprend un voyage à l’intérieur d’elle-même où elle doit faire la synthèse entre son identité canadienne et ses origines libanaises. Le scénario emprunte pour ce faire le langage moderne de l’animation et du montage téléphonique. Cela donne au film une couleur tout à fait originale, qui joue entre le réalisme, la fantaisie et les codes actuels de la jeunesse. A cette tonalité particulière s’ajoute une musique des années 80 réjouissante qui embarque le spectateur dans un passé virevoltant et aérien.
- Copyright Haut et Court
Mais le véritable souci demeure le scénario. Certes, le long-métrage est inspiré de confidences réelles d’une adolescente libanaise dans les années 80. On ne peut donc pas contester la vraisemblance du récit. Mais la succession des événement et la révélation du secret familial apparaissent si alambiqués que tout l’effet de surprise produit par l’histoire s’écroule. Le mélodrame gagne le récit et perd le spectateur. Tout semble alors artificiel et cousu de fils blanc. Le récit chasse l’émotion en s’évertuant à multiplier les facilités et les invraisemblances.
- Copyright Haut et Court
Il ne faut pour autant pas condamner le film. Le style totalement original, la bande-son, l’implication des comédiens et l’attachement manifeste des réalisateurs au Liban apportent un regard nouveau sur le Moyen-Orient. On y découvre une jeunesse courageuse, militante, qui doit combattre les préjugés de leurs parents et les normes réactionnaires imposées par les gouvernants successifs. C’est aussi l’occasion de rendre hommage à la ville de Beyrouth que les crises politiques et économiques continuent de reléguer à la pauvreté et la colère.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.