Le 17 novembre 2015
Un premier film prometteur, glissant du film social au polar avec un sens de la sobriété et de l’efficacité, et remarquablement interprété.
- Acteurs : Jean-Hugues Anglade , Louise Bourgoin, Laurent Capelluto, Nina Meurisse, Anne Benoît
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Le Pacte
- Editeur vidéo : Le Pacte
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 18 novembre 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
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Résumé : Sandrine, trente ans, est obligée de retourner vivre chez sa mère à Roubaix. Sans emploi, elle accepte de travailler pour son oncle dans un chenil qui s’avère être la plaque tournante d’un trafic de chiens venus des pays de l’est. Elle acquiert rapidement autorité et respect dans ce milieu d’hommes et gagne l’argent qui manque à sa liberté. Mais parfois les bons soldats cessent d’obéir.
Notre avis : Je suis un soldat est le premier long métrage de Laurent Larivière, qui avait réalisé six courts-métrages primés dans divers festivals (Belfort, Rotterdam...), et créé des images pour le théâtre et la danse. L’action se déroule à Roubaix puis à la frontière franco-belge, après un bref prologue qui voit Sandrine (Louise Bourgoin), une jeune trentenaire, quitter définitivement son appartement parisien pour se réinstaller dans sa ville natale. Sandrine a perdu son emploi, et son retour dans le giron familial est d’abord marqué par la bienveillance de l’accueil de Martine, sa mère (Anne Benoit) et Audrey, sa sœur (Nina Meurisse), laquelle s’est entre-temps installée, avec son mari, dans la chambre de jeune fille de Sandrine. Car la précarité est aussi celle de ce jeune couple qui a du mal à joindre les deux bouts, entre les CDD du conjoint et un appartement qui peine à se construire. Le film démarre ainsi comme une chronique familiale et sociale en terrain déjà balisé, où l’ombre de nombreux modèles rejaillit, à commencer par le cinéma de l’urgence des Dardenne, de Rosetta à Deux jours, une nuit. Les humiliations infligées à Sandrine dans sa quête d’un nouvel emploi font aussi écho à celles que subissait le personnage de Vincent Lindon dans La Loi du marché : en atteste une glaciale séquence d’entretien d’embauche pour un poste de vendeuse de maillots de bain, dans laquelle la jeune femme peine à contenir ses fous rires face à l’absurdité des questions posées par une interlocutrice hautaine et froide. On se dit alors que Laurent Larivière ne manque pas de sens de l’atmosphère et des dialogues mais semble donner dans la veine du film de festival et du politiquement correct.
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Mais l’intrigue prend très vite une direction plus troublante avec l’importance croissante que prend la figure d’Henri (Jean-Hugues Anglade), le frère de Martine. Propriétaire d’un chenil, ce dernier accepte d’embaucher sa nièce. Protecteur, ayant un sens très fort des liens familiaux, mais taciturne et moralement douteux, ce personnage sera révélateur d’un changement de cap dans la vie de Sandrine, mais aussi de la tournure d’une œuvre qui dévie peu à peu vers l’univers du polar. C’est que le film nous transporte dans le cadre d’un trafic de chiens mêlant les pays de l’Est, la Belgique et la France, et auquel l’activité d’Henri sert de plaque tournante. Et Sandrine se trouvera très vite impliquée. Loin de fuir son sujet initial, Laurent Larivière l’enrichit en lui donnant une nouvelle dimension, teintant également le film d’un contexte semi-documentaire qui n’est pas sans rappeler la force de Grand Central de Rebecca Zlotowski, qui traitait lui aussi de tensions psychologiques et affectives dans un cadre professionnel hostile. « Il s’agit encore et toujours de transmettre au spectateur des sensations physiques, qu’elles soient immédiates, attachées au piquet de l’instant, déformées ou sublimées : elles sont le reflet de notre rapport au monde », a déclaré le cinéaste, qui n’hésite pas à flirter avec le fantastique, à l’image de l’effrayante attaque du chien, qui évoquera à certains la magie de White God ou du désormais culte Les Yeux sans visage. Il faut aussi souligner que Laurent Larivière est un remarquable directeur d’acteurs. De Louise Bourgoin qui trouve ici son meilleur rôle à Laurent Capelutto ou Nathanaël Maïni, tous sont parfaits.
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