Orgueil et préjugés
Le 18 mars 2012
Une biographie de la romancière Jane Austen bourrée d’erreurs et de contre-sens, mais dotée d’un petit charme.


- Réalisateur : Julian Jarrold
- Acteurs : James Cromwell, Anne Hathaway, James McAvoy
- Genre : Biopic, Romance
- Nationalité : Américain, Britannique
- Durée : Becoming Jane
- Titre original : 1h58mn
- Date de sortie : 17 octobre 2007
- Plus d'informations : Le site du film

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Une biographie de la romancière Jane Austen bourrée d’erreurs et de contre-sens, mais dotée d’un petit charme.
L’argument : Un portrait de la célèbre écrivain britannique Jane Austen, au travers de son histoire d’amour vécue, à l’aube de ses vingt ans, avec Tom Lefroy...
Notre avis : Décidément, Jane Austen est en passe de devenir la plus grande pourvoyeuse de synopsis pour cinéastes en mal d’inspiration. De l’adaptation fidèle de ses romans (Raison et sentiments, les multiples versions d’Orgueil et préjugés [1], Emma ...) aux productions les plus inattendues (saviez-vous que Le journal de Bridget Jones ou encore Clueless puisent allègrement dans son œuvre ?), la Miss est partout.
Ici, grande innovation, c’est de sa propre histoire que se sont inspirés les auteurs de Jane. Sachant qu’on en sait, c’est-à-dire à peu près rien (une vie modeste et campagnarde dévolue à l’écriture, des blancs monstrueux, une célébrité très relative du temps de son vivant, une légende familiale tardive aboutissant à la création peu ragoûtante de « la bonne tante Jane »), on pouvait s’attendre au pire.
Du point de vue strictement biographique, le film n’est pas loin de la catastrophe. Comme il ne sait presque rien, il invente à tire-larigot, puisant allègrement dans l’œuvre (événements, psychologie), souvent au mépris de toute vraisemblance (l’enlèvement). Procédé contestable s’il en est, partant du principe que sa vie a nourri son œuvre, ce qui semble autoriser n’importe quoi. Bref, de quoi faire frémir d’horreur les membres de l’auguste Jane Austen Society [2] comme les modestes amateurs d’une œuvre admirable de subtilité, d’émotion, d’humour. Si on y ajoute que le cinéaste n’hésite pas, à l’occasion, à puiser dans les adaptations de ses confrères pour combler son manque d’inspiration (on reconnaît au moins deux plans du film d’Ang Lee) et que le film part en quenouille sur la fin, virant à la bluette sentimentale éculée, on se demande bien ce qu’on peut lui trouver.
Eh bien, c’est qu’il possède à ses moments un certain charme, auquel on se laisse délicieusement prendre. La campagne anglaise est bien filmée, l’atmosphère bénéficie d’une belle photographie. Certaines scènes font en outre l’objet d’une belle réussite, comme celle du cricket, par exemple. Enfin, Anne Hathaway, dont le choix n’avait rien d’évident, s’en tire parfaitement, manoeuvrant habilement entre charme et rigueur. Ce qui nous conduit à dire que pour peu de ne point trop en attendre et de se montrer un peu souple, Jane se verra vraiment sans déplaisir. On ne saurait cependant trop vous encourager à vous (re)plonger dans les romans de Jane Austen. Conseil d’amie !
[1] Outre la version 2005, avec Keira Knightley, signalons celle, plus ancienne, (1940) réunissant Lawrence Oliver et Greer Garson, ainsi qu’une mini-série britannique estampillée BBC, avec Colin Firth et Jennifer Ehle. Edité en DVD par Koba film, c’est à notre sens la meilleure adaptation du chef d’œuvre d’Austen à ce jour. Même si lire le roman, c’est encore mieux !
[2] Organisation qui s’est donnée pour objet, entre autres, de veiller sur l’œuvre d’Austen. Elle fait parfois preuve d’une certaine rigidité, comme lorsqu’elle avait critiqué le choix d’Hugh Grant, jugé « trop beau » pour interpréter Edward Ferrars dans Raison et sentiments.