L’homme qui parlait des femmes
Le 2 mars 2005
Centré sur la parole, le film de Michel Toesca manque de construction pour approfondir les thèmes qu’il présente.


- Réalisateur : Michel Toesca
- Acteurs : Sacha Bourdo, Patrick Chesnais
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français

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– Durée : 1h13mn
– Le site du film
Centré sur la parole, le film de Michel Toesca manque de construction pour approfondir les thèmes qu’il présente.
L’argument : Charles filme Micha, qui se présente comme un obsédé sexuel et tient des discours crus sur l’amour et les femmes. Leur rencontre avec Lola va pousser Micha à dévoiler sa vraie nature, sa recherche de tendresse et de pureté.
Notre avis : Le film de Michel Toesca affiche clairement et d’emblée son aspect "bouts de ficelle" : par ses plans caméra à l’épaule, par ses scènes (pseudo) improvisées, par le jeu des acteurs qui semblent à peine dirigés, et également du fait qu’il est un film amateur (réalisé par le personnage de Charles) dans un film. La liberté formelle qui en résulte est intéressante : le réalisateur n’hésite pas à faire se côtoyer parties de campagne très réalistes (la première et plus longue séquence du film) et scènes oniriques naïves, jonchées de trouvailles quasi surréalistes. La légèreté qui habite ces images donne une impression agréable de fraîcheur.
Mais, reposant en grande partie sur les épaules de Sacha Bourdo, ce film à thème a de quoi déconcerter et malheureusement aussi décevoir : l’acteur parle, beaucoup, et comme il le fait remarquer à plusieurs reprises, ce qu’il dit n’est pas toujours intéressant. Ses soliloques finissent par tourner en rond et son langage cru sur le sexe et les femmes n’a pas l’originalité qu’il prétend ; au contraire, ce genre de sujet a déjà été traité et de façon autrement plus débridée au cinéma (Les valseuses, L’homme qui aimait les femmes) ou ailleurs (BD de Reiser par exemple).
Et si le personnage de Micha, à la facette double et aux expressions multiples, a de quoi retenir le souffle, on peut regretter que sa profondeur soit explorée de façon presque exclusivement langagière et rarement cinématographique. Le charme et l’espèce de pureté du personnage passent ici davantage par une nonchalance dans la fabrication du film que dans ce qu’il traite. Avec un vrai scénario et de vrais dialogues (qui percent par moments), Michel Toesca n’aurait-il pas mieux réussi son pari de faire un film avec trois fois rien ?