Critique : Lorsqu’en librairie un flâneur lit la quatrième de couverture du cinquième roman de Jodi Picoult publié chez Actes Sud, il s’attend à découvrir comment une jeune femme, sans valise, sans Internet et qui ne connaît pas la langue du pays dans lequel elle se rend, va réussir à survivre au milieu d’un archipel lointain. Mais qu’on ne se méprenne pas, J’aimerais tant que tu sois là ne relate pas tout à fait les aventures de Diana aux Galápagos, mais traite d’abord de cette crise sanitaire sans précédent. L’autrice, qui d’ailleurs a écrit ce livre pendant cette période, nous fait part de ses angoisses et de ses peurs. Elle alimente sa fiction avec des témoignages qu’elle collecte sur les réseaux sociaux, elle interroge des personnes ayant vécu des comas artificiels. Un véritable travail de journaliste. Jodi Picoult relate donc ce long moment de crise où chacun croyant mourir, s’interroge sur lui-même, sur ce qu’il veut vraiment. Est-ce que la vie actuelle nous satisfait ? Avons-nous fait le bon choix de métier, aimons-nous vraiment la personne qui partage notre existence ?
Même si le lecteur n’a vraisemblablement pas très envie de revenir sur ces instants longs et pénibles pour lire une énumération d’interrogations existentielles, l’autrice nous offre une introspection brillamment décrite avec le personnage de Diana. Une jeune femme hésitante, alors qu’elle a tout pour être heureuse. Cette solitude fait rejaillir son passé, les souvenirs heureux comme d’autres douloureux. Diana nous raconte la mort brutale de son père qu’elle estimait beaucoup et la maladie d’Alzheimer de sa mère avec qui les relations étaient plutôt éparses. Les remords et les regrets se mélangent aux doutes. A-t-elle vraiment envie de cette vie parfaite avec Finn ? Cet isolement va-t-elle lui permettre de rompre avec son présent ?
Bien entendu, et même si ce roman permet de revenir sur le travail extraordinaire du corps soignant et sur les tragédies qui marquent l’histoire, le dénouement nous laisse malheureusement sur notre faim. Pour autant, J’aimerais tant que tu sois là a le mérite d’aborder d’autres sujets comme l’automutilation chez les jeunes ou bien encore l’art de la thérapie et la résilience humaine. La conclusion pourrait être : il faut donner du sens à sa vie.