Le 4 octobre 2023
- Acteur : Soufiane Guerrab
Connu pour son rôle de digne représentant de la maison Poulaga dans Lupin, le blockbuster netflixien dont la troisième saison débarque cette semaine, Soufiane Guerrab revient pour nous sur quelques rôles marquants de sa belle carrière, déjà riche de collaborations avec Toledano & Nakache, Pierre Jolivet, Stéphane Brizé ou Jacques Audiard. La parole est à lui !
Mes copines, 2006
« Un jour, je me promenais dans Paris, c’était l’été. Une pluie fine s’est mise à tomber, alors que j’étais en tee-shirt. Je cherchais à me mettre à l’abri et j’ai vu une tente noire. J’ignorais totalement ce que c’était, il s’avère que c’était une tente de tournage, il y avait le combo, l’équipe... La sécurité m’a donc gentiment demandé de partir, sauf qu’à ce moment-là, une averse se met à tomber. J’ai dû faire un peu de peine au monsieur de la sécurité, puisqu’il m’a proposé de revenir m’abriter. J’ai donc discuté avec un homme qui était là, et était agent de cinéma. Il m’a proposé de venir à un casting qui avait lieu le mercredi suivant, car mon profil correspondait à ce qu’ils recherchaient. Ce casting, c’était pour le film Mes copines, et c’est comme ça que j’ai tourné dans mon premier long-métrage ! »
Les Beaux mecs, 2011
« Encore une histoire assez incroyable… À cette époque, je jouais des petits rôles ici ou là, mais je ne prenais pas forcément ça au sérieux, j’avais d’autres boulots à côté. Mon agent m’appelle un jour et me dit : « C’est pour une super série, ça fait des mois qu’ils cherchent leur comédien principal… Ça te dirait de passer le casting ? » Bien sûr, j’étais partant, mais le jour où ce casting doit avoir lieu, j’apprends que j’ai été pris dans un film qui doit se tourner pendant deux mois, au Sénégal. Le problème, c’est que Les Beaux mecs devait être tourné au même moment… Mon agent me dit qu’il est important que je rencontre la directrice de casting, au moins pour lui expliquer que je ne peux pas participer à la série, que ça peut impacter des prochains projets. Donc quand je vais au casting des Beaux mecs, c’est en me disant que je ne pourrai pas jouer dedans ; j’explique à la directrice ma situation. Elle me répond qu’il est hors de question que je quitte la session avant qu’elle ait des images de moi. Il s’avère que Gilles Bannier [réalisateur des Beaux mecs, ndlr] était là et dit : « C’est lui, clairement ! Je le veux pour la série ! » Il était très décidé. C’était une série très attendue, avec de gros enjeux, c’était l’époque où France Télévisions souhaitait faire des choses plus osées, en reprenant les codes des séries Canal.
On continue à discuter mais on ne parvient pas à trouver un accord. On me fait comprendre que ce n’est pas possible, qu’ils vont prendre quelqu’un de plus expérimenté. Je pars donc pour tourner au Sénégal, et là-bas je reçois un message de la chaîne me disant qu’ils vont m’envoyer les textes ! France Télévisions m’annonce qu’ils ont décidé de me prendre, moi, et que le tournage est décalé de trois semaines rien que pour moi. Alors que je n’avais pas encore fait grand-chose, le projet reposait largement sur moi… Je me souviendrai toujours de la première fois où j’ai rencontré Simon Abkarian, il m’a dit : « Mais tu es qui, toi, pour qu’on décale le tournage rien que pour toi ? »
C’était surtout grâce à Gilles Bannier, qui s’est battu jusqu’au bout pour que ce soit moi qui joue dans la série ; l’équipe de la série et la chaîne n’ont pas été déçues de leur choix et la série a bénéficié de très bons retours. Pour moi, ça a été une expérience incroyable, d’autant que Simon Abkarian est un comédien et un être humain extraordinaire. C’était un très beau projet et ça a totalement changé la vision que j’ai du métier. »
Patients, 2017 / La Vie scolaire, 2019
« Pour Patients, j’ai commencé par passer un casting classique. On m’avait parlé d’un film sans prétention, d’un petit film sur le handicap, sans même particulièrement parler de Grand Corps Malade au début. On n’a pas toujours la chance de passer des castings devant le réalisateur du film, mais là il s’avérait que Fabien [vrai prénom de Grand Corps Malade, ndlr] et Mehdi étaient présents ; ils ne m’ont rien dit sur le moment mais m’ont avoué après que, dès les premières auditions, ils comptaient me prendre pour le rôle. Le cinéma est fait pour les gens patients, donc j’ai dû attendre un peu avant d’avoir leur réponse (rires). Là est née une grande histoire. Aujourd’hui, on est très liés, on forme une vraie famille, on passe beaucoup de temps ensemble, pas uniquement pour le cinéma.
Pour La Vie scolaire, c’était forcément différent car c’était un rôle écrit pour moi, mais je l’avais su assez tardivement ; je ne prends pas toujours des nouvelles des cinéastes, et je ne savais pas que, là, ils écrivaient un rôle sur mesure pour moi. J’étais honoré de participer à La Vie scolaire et j’ai adoré le rôle, celui de prof de maths, d’autant que c’est un rôle qui me ressemble. J’ai toujours eu ce contact avec les jeunes, j’ai toujours aimé être avec eux comme ce qu’on voit dans le film. C’était une très belle expérience, on a eu la chance de réitérer le succès de Patients et j’ai même été pré-sélectionné aux César pour la première fois. »
Lupin, depuis 2021
« J’avais déjà participé à des séries Canal+ comme Braquo ou Engrenages, donc je connaissais déjà un peu les rouages de ce genre de projets. Lorsque j’ai entendu parler du projet, tourner pour Netflix n’était même pas le plus important. On vient pour défendre un rôle. Bien sûr, ce qui est différent quand on travaille sur une œuvre Netflix et que j’ignorais, c’est la portée, l’impact sur le public. Il n’y a rien de comparable : le jour où ça sort, c’est une bombe atomique. On peut recevoir des messages de l’Inde, de la Chine, de l’Italie, de l’Arabie saoudite… C’est vertigineux. Par rapport à des projets plus nationaux auxquels j’avais participé, c’est très différent, cet impact sur le public.
On vient de terminer une très belle troisième partie, dans laquelle il y a tout ce que le public aime et tout ce qu’il veut. C’est toujours un plaisir de retrouver toutes les équipes d’une série, surtout quand c’est récompensé par un carton international comme ici. On a toujours envie que ça continue, même si je n’en sais pas plus sur la suite à ce stade. J’essaye de kiffer l’instant présent ! »
De bas étage, 2021
« De bas étage est un projet qui me tient beaucoup à cœur. On est à l’opposé de Lupin, avec un tout petit budget. On a tourné avec les moyens du bord avec Yassine Qnia, un réalisateur que je trouve extraordinaire et qui va jusqu’au bout de ses idées. Il voulait faire quelque chose de différent avec moi, quelque chose de plus profond. La « balle rebondissante » que j’avais été dans des œuvres précédentes, il voulait en faire une boule de pétanque. Un personnage plus lourd, plus renfermé sur lui-même. Il voulait qu’on lise à travers ses pensées sans qu’il dise grand-chose, qu’on entende les phrases qui sont dans sa tête… C’est dans cette optique qu’on a tourné, le film a été sélectionné à Cannes à la Quinzaine des réalisateurs, et j’ai même eu la chance d’être pré-nommé aux César pour la deuxième fois, juste après La Vie scolaire. C’est un film qui a été apprécié par la profession, mais a eu du mal à trouver son public en salles, dans un contexte post-Covid. C’est dommage car c’était un très beau film, très épuré. »
Galerie photos
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