Le 22 mars 2023
- Acteur : Jean-Marc Barr
- Festival : Festival À l’Est
L’acteur et cinéaste Jean-Marc Barr était présent au Festival A l’est de Rouen 2023 pour le film Silent Land d’Agnieszka Woszczynska qui a obtenu le Grand prix. Il a ensuite accepté de répondre à nos questions.
- Jean-Marc Barr © 2023 Fabrice Prieur. Tous droits réservés.
AVoir-ALire : Le film polonais Silent land d’Agnieszka Woszczynska dans lequel vous jouez vient d’obtenir le Grand prix du Festival A l’Est. Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette production ?
Jean-Marc Barr : Ce sont les producteurs du film qui ont pensé à moi et m’ont contacté. Mes choix depuis plusieurs années vont souvent vers un cinéma européen tourné en langue anglaise, ce qui est le cas pour ce film de la réalisatrice polonaise Agnieszka Woszczynska, qui vient de la grande école de cinéma de Lótz, et participe au renouveau de son art entamé dans son pays depuis une bonne dizaine d’années. De plus, le souvenir du Grand bleu a aussi joué puisqu’il s’agit d’un rôle de moniteur de plongée.
C’est un film original, poétique, mais aussi social, dans la droite ligne de ma filmographie, qui me conduit, comme notamment chez Lars von Trier, vers un cinéma exigeant qui sort des habituels diktats de production de plus en plus formatés pour et par la télévision. Tout a malheureusement tendance à devenir du prêt à consommer. On ne connaît plus les metteurs en scène. Qui se souvient de Billy Wilder ? Le cinéma s’éloigne de la culture : le Roi est nu en quelque sorte !
AVoir-ALire : Quelques mots sur votre présence au Festival A l’est cette année ?
Jean-Marc Barr : J’ai été contacté par Émilie Richelle, l’une des responsables du festival, quand elle a vu que j’étais à l’affiche de l’un des films en compétition. Il faut dire que j’avais déjà participé au festival en 2019 pour The Cellar, un film slovaque dans lequel je jouais. J’ai tout de suite accepté, comme souvent en général : si je suis disponible, c’est toujours avec plaisir.
AVoir-ALire : Comment êtes vous arrivé au cinéma par un film angloaméricain ?
Jean-Marc Barr : Je suis franco-américain, j’ai passé ma jeunesse en Californie, mais j’ai poursuivi mes études en Angleterre. Je commençais des études de théâtre quand j’ai été contacté par la production du film Le Roi David, l’un des derniers grands péplums, qui a été réalisé par Bruce Beresford. Cette participation m’a occasionné de belles rencontres puisqu’elle m’a conduit pour les répétitions chez le cinéaste John Schlesinger (*), et à travailler notamment avec Colin Arthur, maquilleur et spécialiste d’effets spéciaux qui a notamment travaillé avec Stanley Kubrick.
* Réalisateur notamment de Macadam cow-boy et Marathon Man, tous deux interprétés par Dustin Hoffman.
AVoir-ALire : Quelques mots sur Le Grand bleu qui est votre premier film français ?
Jean-Marc Barr :J’avais eu l’occasion de jouer un rôle de soldat canadien dans Hope and Glory de John Boorman, et les portes commençaient un peu à s’ouvrir pour moi. Il se trouve que Luc Besson se trouvait très embêté pour son prochain film Le Grand bleu, car son acteur principal pressenti, Christophe Lambert, venait de décider d’abandonner trois semaines avant le tournage. Ses recherches l’ont amené en Angleterre puisqu’il cherchait un acteur bilingue. Cette façon de faire résume bien Luc Besson : malgré les critiques de ses premiers films, il n’a pas hésité à prendre tous les risques, et réussir ce succès populaire énorme, qui lui a permis la carrière qu’on lui connaît, en toute indépendance, et même de pouvoir produire en France de nombreux films pour les autres.
C’est comme ça que je suis devenu célèbre du jour au lendemain, et ça m’a presque naturellement amené, comme je l’ai dit au début, vers un cinéma européen tourné en langue anglaise.
AVoir-ALire : Vos meilleurs souvenirs de cinéma ?
Jean-Marc Barr : J’en ai beaucoup ! J’ai eu la chance d’avoir un métier où j’ai eu du succès jeune : une sorte de rêve à la Kerouac. Ensuite, j’ai pris beaucoup de risques, mais mes choix ont fait que j’ai toujours le désir de tourner, et une faim de cinéma qui ne m’a jamais quitté. Et je ne le fais pas pour être riche : ni appartement, ni quoi que ce soit, mais je gagne suffisamment pour être libre de mes choix et heureux. Finalement, mon meilleur souvenir de cinéma, c’est constamment. En vieillissant, je découvre en quelque sorte que je deviens la personne que le voulais être.
AVoir-ALire : Lars von Trier avec qui vous avez tourné plusieurs fois ?
Jean-Marc Barr : Il a eu le génie de développer un cinéma exigeant et original, tout en étant fidèle et en suivant des courants initiés notamment par Carl Theodor Dreyer, Jean-Luc Godard ou encore Rainer Werner Fassbinder. Le Dogme, manifeste de cinéma qu’il a cocréé, a surtout eu le mérite de s’opposer au critères de l’industrie hollywoodienne, trop lisses et formatés. C’est toujours agréable pour moi de tourner avec lui, même pour de petits rôles parfois : de l’inventivité, un humour très noir, du mélodrame à l’occasion et une façon "garage" qui ne l’empêche pas de faire appel aux meilleurs collaborateurs comme par exemple le directeur de la photo, Henning Bendtsen, qui a travaillé plusieurs fois avec Dreyer.
AVoir-ALire : Vous avez vous-même réalisé plusieurs films. Pouvez-vous en dire quelques mots ?
Jean-Marc Barr : Ça aussi, ce fut un réel plaisir de liberté à tous les niveaux. Ces quelques films, notamment ceux que j’ai réalisés avec Pascal Arnold , m’ont permis, nous ont permis, d’expérimenter les caméras digitales qui ouvraient d’incroyables perspectives.
AVoir-ALire : La télévision ? Et notamment la série française Deux flics sur les docks ?
Jean-Marc Barr : J’en ai fait pas mal aussi. Pour cette série particulièrement, avec Bruno Solo comme partenaire, cela a été tout à fait intéressant. Edwin Baily le réalisateur, tout en respectant les codes de la télévision, a su transposé au Havre avec talent et originalité l’univers du romancier britannique Graham Hurley dont la série est adaptée. Ce genre de série réussie qui devient vite populaire fait que chaque nouvel épisode est attendu par les spectateurs comme du bon pain.
AVoir-ALire : Que pouvez-vous nous dire de vos projets ?
Jean-Marc Barr : Plusieurs projets sont en développement en Israël, en Italie et en Serbie. Sinon, on va bientôt me voir dans une série policière sur Netflix qui s’intitule Anthracite et dans un film qui sera diffusé sur Arte, que j’ai coréalisé de nouveau avec Pascal Arnold et dans lequel je joue aussi : Les Indociles.
D’autre part, je vais revenir au théâtre avec une pièce magnifique sur les immigrés d’Afrique.
Après la période Covid et un long moment passé aux États-Unis où j’ai accompagné ma mère qui est partie, j’ai comme l’impression aujourd’hui d’être devant une page blanche et de repartir à zéro.
- Jean-Marc Barr © 2023 Fabrice Prieur. Tous droits réservés.
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