Le 1er décembre 2012
- Scénariste : Roger Seiter
- Dessinateur : Wagner, Vincent
- Genre : Fantastique, Policier
- Famille : BD Franco-belge
- Editeur : EMMANUEL PROUST ÉDITIONS
Un coin de cheminée, des fauteuils profonds, et je suis de retour au salon pour recevoir mon premier invité de l’hiver : Vincent Wagner
Ami lecteur, je te retrouve enfin, tu as vu de la lumière et tu as bien fait de rentrer au chaud. Tu peux prendre place car aujourd’hui c’est le talentueux Vincent Wagner que je reçois.
Bonjour Vincent !
Wilkie Collins est connu pour ses « romans à sensation » tels qu’ils étaient qualifiés à l’époque, un genre précurseur du roman policier et du roman à suspense, comment l’avez vous découvert ?
C’est Roger Seiter qui me l’a fait découvrir. Je me suis plongé dans ses romans à l’occasion de la réalisation de notre série "Mysteries" chez Casterman. A l’époque, je ne connaissais rien à la littérature victorienne. Sous les conseils de Roger, j’ai dévoré les romans de Collins et d’Anne Perry...
Comment définiriez vous le style de cet album justement ?
Pour moi, il s’agit d’un polar fantastique. Il se passe des choses vraiment bizarres à Venise ! Dans ce tome 1, on met les choses en place. On installe l’ambiance. C’est un peu l’histoire d’un château hanté écossais. Sauf qu’on remplace les landes brûlées par les palais et canaux de Venise...
Avez vous pris des libertés scénaristiques, vis à vis de l’histoire ?
Le roman est rempli de personnages et part dans de multiples directions. Cela le rend très compliqué. Roger a dû modifier la structure du récit, supprimer nombre de personnages pour rendre la narration plus digeste et plus fluide pour les lecteurs BD. Nous avons choisi d’y insérer les personnages de Valeria, Eustace et Collins qui étaient les acteurs principaux de Mysteries. L’adaptation de ce roman est donc beaucoup plus libre que celle que Roger avait faite pour Mysteries. Pour autant, et c’est ce qui est étonnant, on a l’impression en lisant la BD de relire le roman. Signe à mon avis que l’adaptation de Roger est réussie.
Connaissiez vous Venise (pour y être allé) ou bien avez vous travaillé d’après des documents ? Quelles est votre vision de la ville (elle semble très inquiétante dans votre album tant de l’histoire que du dessin)
J’ai eu la chance, pendant quelques années, d’avoir de la famille vivant en Vénétie. A chaque fois que j’allais lui rendre visite, j’en profitais pour aller voir Venise. Je l’ai donc parcourue en tous sens, par beau temps, sous la pluie ou dans le brouillard. J’ai fait énormément de photos. Je me suis concentré sur les détails que personne ne regardent mais qui font la personnalité de la ville et ai essayé de dénicher des coins magiques et mystérieux. C’est une ville extraordinaire, totalement hors du temps. Les couleurs changent selon le temps et la lumière, les reflets dans l’eau ne sont jamais les mêmes. Et il y a toujours des ruelles et des canaux qui réservent des surprises... Dans "Venise hantée", j’ai voulu faire de cette ville un personnage à part entière. On n’en a qu’un bref aperçu dans ce tome 1, mais les lecteurs le découvriront vraiment dans le tome 2, puisque l’album se déroule entièrement dans cette ville. Ici, on s’échappe de la carte postale : Venise y est inquiétante, presque lugubre, noyée dans le brouillard, humide et suintante... Ne manque plus que l’arrivée du spectre... Mais je n’en dirais pas davantage.
Comment avez vous envisagé la superbe double page 24/25 ? Est ce un choix du dessinateur et du scénariste ?
C’est un peu le souhait de tout le monde : l’éditeur, le scénariste et moi-même. Il se trouve que l’éditeur nous offre une pagination importante ( 2 albums, soit 92 voire 100 planches) pour raconter cette histoire. Cela nous laisse ce genre de possibilité. Le tome 2 aura aussi des double-pages spectaculaires. Maintenant, personne ne m’a dit de dessiner cette vue aérienne. C’est moi qui me suis lancé ce défi ! Je voulais que le lecteur garde cette image imprimée dans son souvenir en fermant l’album.
D’ailleurs comment travaillez vous ?
J’ai le découpage complet et le scénario des deux tomes avant même de commencer les dessins. C’est un vrai confort pour travailler ! Cela me permet d’appréhender tous les détails importants. Je rassemble toute ma documentation, je fais mes recherches de personnages... J’ai une carte de Venise sur laquelle je définis le parcours des personnages. Ensuite, je travaille comme la plupart des dessinateurs : crayonné et encrage, puis mise en couleur informatique.
Pouvez vous me raconter une anecdote liée à la Bd ?
Le palais où Lord Montbarry décède mystérieusement, ce palais qui va devenir notre palais hanté, n’existe pas. Il est inventé de toute pièce et constitué de plusieurs palais célèbres. Ses intérieurs sont également des salons de diverses grandes demeures vénitiennes. Sur les façades, j’ai répété une rosace très particulière que je trouvais très belle et qui fait le charme vénéneux et unique du palazzo Dario. J’ai appris par après que ce palais Dario était LE palais maudit de Venise : bâti sur les ruines d’un ossuaire templier, tous ses propriétaires sont morts dans des circonstances mystérieuses et brutales, au point que Woody Allen, qui rêvait de se l’offrir, y a renoncé en apprenant son histoire.
Merci Vincent.
J’espère, mon ami, que cet entretien t’aura donné envie partir vers cette Venise franchement inquiétante.
Quant à moi, je vais devoir attendre le tome 2 pour connaître enfin le fin mot de l’histoire...
Galerie photos
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