Glauque attitude
Le 20 mars 2011
Lourde de silences, une obsédante histoire d’ombre et de lumière.

- Réalisateur : Gilles Bourdos
- Acteurs : Grégoire Colin, Julie Ordon, Brigitte Catillon
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Date de sortie : 4 février 2004

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– Durée : 2h17mn
Lourde de silences, une obsédante histoire d’ombre et de lumière.
L’argument : Bruno, jeune homme taciturne à l’enfance difficile, rêve, à travers ses études d’arts plastiques, d’un monde parfait fait de lieux clos et de blanc. Élise, jeune femme belle, trop belle, vit surprotégée dans une famille hantée par le meurtre de sa mère, dont elle a été témoin enfant. Leurs chemins se croisent pour laisser place à une relation qui va tout bouleverser.
Notre avis : Inquiétudes respire l’enfermement. Tout d’abord, il y a ce lieu idéal que veut créer Bruno, un cocon blanc et hermétique. Comme son projet pour les Beaux-Arts : une sorte de "mausolée". Prisonnier de son imaginaire, il se met à tuer et emmure les corps. Simplement, silencieusement. Quand soudain Élise débarque dans sa vie. Elle est comme lui enfermée, dans un univers familial totalement centré sur elle. Elle voit vite en Bruno une échappatoire. Alors qu’il est sûrement la pire des prisons. D’autant plus qu’après avoir découvert ce "trésor", Bruno en trouve l’écrin parfait : une maison en travaux, blanche, vide, angulaire comme une boîte... son fameux mausolée.
Gilles Bourdos réalise ici un film lourd de silences, noir, éclairé d’un blanc plus froid que la mort. Un scénario tiré d’un livre de Ruth Rendell (dont Almodovar et Chabrol se sont également inspirés). Tout s’y déroule au rythme lent et minutieux de Bruno : des plans très travaillés, une mise en scène toute en gestuelle. Inquiétudes déstabilise le spectateur : d’abord l’histoire faite d’ombre et de lumière, de murs et de trous ; mais surtout un rythme complètement haché qui maintient la tension. Les personnages passent de la normalité à la presque folie. Les scènes lentes succèdent aux scènes plus haletantes, le silence et les dialogues vifs s’enchaînent. Les longueurs sont là malgré tout et tracent la frontière mince entre prendre son temps et s’ennuyer. A chacun de décider. Restent une réalisation originale et intéressante, des comédiens investis par leurs personnages et un film obsédant.