Le 18 septembre 2017
Des personnages forts dans une oeuvre inégale qui n’est pas à la hauteur de ses acteurs.
- Réalisateur : Gilles Bourdos
- Acteurs : Brigitte Catillon, Vincent Rottiers, Éric Elmosnino, Grégory Gadebois, Alice Isaaz
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 27 septembre 2017
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Résumé : Trois destins familiaux entrelacés. Joséphine et Tomaz viennent de se marier dans l’allégresse. Mais bientôt, derrière le bonheur solaire des époux, les parents de Joséphine vont découvrir une réalité plus sombre. Mélanie, elle, annonce à ses parents qu’elle attend un bébé mais le père de l’enfant n’a pas du tout le profil du gendre idéal ! De son côté, Anthony, étudiant lunaire et malheureux en amour, va devoir prendre en charge sa mère, devenue soudainement incontrôlable.
Notre avis : D’après un célèbre proverbe chinois, « quand tout va bien, on peut compter sur les autres, quand tout va mal, on ne peut compter que sur sa famille ». C’est à croire que les personnages d’Espèces menacées se sont donnés le mot pour prouver que ce n’est pas le cas, et ce dès la scène d’ouverture ! Adaptation des nouvelles de l’écrivain américain Richard Bausch, le nouveau long-métrage de Gilles Bourdos (Renoir) s’attarde sur la complexité des rapports familiaux : confrontation, soumission, affrontement… Les générations s’entrechoquent dans ce long tourné à Nice, dans des décors qui expriment toute la solitude d’êtres qui ne sont pourtant pas seuls mais accumulent les problèmes avec leur entourage. Quand l’amour entre un père et sa fille se transforme en dispute, quand un fils et sa mère se tirent vers le bas ou encore qu’un mari se sépare de l’épouse qu’il aime encore, ça donne un drame où la violence, aussi bien physique que verbale, se déploie au point de nous rendre mal à l’aise.
- Copyright Mars Films
Espèces menacées n’est pas le premier film dans lequel chaque fragment consacré à un personnage finit par en croiser un autre. Le problème étant ici que la mise en scène, qui se concentre trop sur le couple formé par Alice Isaaz et Vincent Rottiers, n’est pas assez fluide pour permettre que l’on s’attache vraiment aux personnages dont le portrait est brossé de façon insatisfaisante. Si les situations se répondent, dans le souci de laisser toujours une interprétation ouverte de chaque rebondissement, force est de reconnaître qu’il s’agit davantage d’interactions pour pimenter l’histoire d’un couple qui ne peut vivre en autarcie qu’une réelle volonté de laisser à tous les autres le loisir d’explorer ses propres problèmes. Au risque de créer un effet papillon au sein même du scénario, où chaque situation a des conséquences sur ce que vivent les autres personnages - mais sans l’exprimer clairement ni le montrer.
- Copyright Mars Films
Ainsi, après une scène d’ouverture d’anthologie, le film tire en longueur sans jamais retrouver le souffle ardent de son début. Mettant en scène une nuit de noces qui tourne au fiasco, elle parvient à dépeindre un évènement joyeux qui se transforme en confrontation ; ce qui est le lot, finalement, de tous les rapports humains qui font de l’homme le plus raisonnable une espèce menacée.
Au cœur de tout ce capharnaüm, il reste le casting, dont chaque membre exprime une humanité mise à mal par la vie quotidienne, plus dure à supporter ici que toutes les épreuves qui se succèdent. Alice Isaaz tient enfin le grand rôle qui manquait à sa carrière. Le couple malheureux qu’elle forme avec Vincent Rottiers est le nerf du film, tant la violence des scènes qu’ils partagent exprime une abnégation totale de leurs corps au service de leurs rôles respectifs.
Autour d’eux papillonnent des seconds rôles dont le regard sur le monde qui les entoure est sans concession, plein d’ironie et parfois de fantaisie, sans jamais chercher à cacher la tristesse qu’ils n’osent exprimer de vive voix. Leurs personnages méritaient plus substance, dans un film inégal qui ne leur offre pas assez d’espace.
- Copyright Mars Films
S’éloignant volontairement du cinéma choral pour exprimer toute la violence que deux êtres peuvent se faire subir, Espèces menacées vaut au moins pour la prestation d’acteurs qui compensent les lacunes d’écriture par leur implication et leur sensibilité. En interprétant des personnes ordinaires, confrontées à des situations que le commun des mortels peut rencontrer, ils livrent des performances profondes qui, justement, font peur parce qu’elles heurtent notre fragilité et notre rapport au monde.
Ça ne suffit pas pour tout sauver, mais assez pour se sentir menacé.
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