Injustice . Ground Zero . T2 - La chronique BD

Harley Quinn est un personnage controversé, héroïne pendant les années 1990 de sa propre série mais partiellement en retrait jusqu’à la sortie de Suicide Squad, purge cinématographique sortie sous les huées en 2016, qui la remet plus ou moins sur le devant de la scène, jusqu’à parfois l’overdose - comme si elle était à la mode chez DC en ce moment. Aujourd’hui elle est au centre du diptyque Injustice.

Imaginez un monde dans lequel Superman se déchaîne pour venger la mort de Loïs Lane, son grand amour. Se déclenche alors une véritable guerre nucléaire entre les "pro" et les "anti" qui ressemble quelque part à un sous Civil War. Pour combattre le crime plus efficacement, il faut éradiquer. C’est un peu le credo de ce Superman nouveau, poussé à l’impensable par un tour de passe-passe du Joker, Monsieur J. Mais c’est peut-être le tour de trop et le vice, même pour la folie de Harley Quinn, va trop loin. Dès lors l’ancienne sbire, amoureuse de son Joker mentor, père, amant, se rebelle au plus grand étonnement de tous. Et du lecteur en premier lieu.

On peut lire ce second tome comme l’achèvement de l’émancipation d’une femme, Quinn, formant son armée et se libérant des chaînes perverses de "L’homme" Joker. Mais il s’agit avant tout de la renaissance d’un personnage. Un véritable vent de fraîcheur sur un univers qui mute tout le temps et se réinvente constamment. Dans cette quête de renouveau, Quinn se pose donc en porte étendard du triomphe modeste, d’une introspection très humaine. Elle est la narratrice en off de ce récit d’une vengeance, celle d’un Superman furieux, prêt à tout même à tuer ses anciens alliés. De son prisme très personnel, on comprend le doute, on ressent la volonté d’exister, envers et contre tout et de s’imposer aux côtés de ses anciens ennemis comme Batman.

Injustice est donc le récit d’une double revanche, celle d’Harley Quinn contre le Joker, celle de Superman contre l’humanité. En tant que sidekick, elle mettait en valeur monsieur J. En tant qu’héroïne retrouvée, tout reste encore à construire.