Infiltrator - la critique du film (Deauville 2016)

Notre avis : Pour son quatrième long métrage après les moyens The Take, Players et La défense Lincoln, le cinéaste américain Brad Furman a choisi de porter à l’écran l’autobiographie de l’ancien agent infiltré Robert Mazur. Ce dernier besognait pour le compte des cartels de Colombie à l’époque du règne du puissant baron de la drogue Pablo Escobar. Plongé dans l’univers impitoyable de la narcosphère, le toujours très inspiré Bryan Cranston (la série culte Breaking Bad, Trumbo), agent fédéral de son état, met son talent à contribution pour se glisser sous la couverture de Bob Musella, homme d’affaires spécialisé dans le blanchiment d’argent à hauteur de millions. Il va devoir patiemment faire ses preuves afin de gagner la sympathie du grand patron des cartels colombiens et intégrer les rouages du trafic via un habile système de corruption des banques. Au lieu de chercher à apporter un peu de nouveauté au film mettant en scène un infiltré, Infiltrator se contente d’obéir à une logique et reste englué dans sa zone de confort bien que son efficacité et ses capacités à divertir ne soient pas à remettre en question. Contaminé par l’influence des Infernal Affairs et autres Donnie Brasco, le script en manque de noirceur (on est loin du nihilisme de Ridley scott sur l’imposant Cartel) réserve un traitement des plus convenus, avec tous les clichés que cela induit.

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Du personnage qui doit remettre en cause son intégrité morale, aux sueurs froides liées à la peur de voir sa couverture tomber, en passant par l’impossibilité de faire machine arrière une fois le doigt posé dans l’engrenage des cartels, la sensation de remords envers l’ennemi devenu proche où encore le grand coup de filet final, tout déroule tel une mécanique bien huilée qui ne surprendra à aucun moment son auditoire. Du côté des choses bien plus agréables, on peut compter sur la bonne prestation délivrée par un Bryan Cranston encore une fois à fond dans son rôle. Il en va de même pour son coéquipier John Leguizamo mais ce n’est pas le cas de la pourtant toujours gracieuse Diane Kruger, que l’on retrouve ici dans un second rôle qui se révèle anecdotique (le couple d’infiltrés qu’elle forme avec l’ex Walter White ne restera pas dans les mémoires). Pour ce qui est de la cadence, les baisses de rythme sont rares et l’immersion au cœur des années 80 relativement bien retranscrite que ce soit en terme de décors ou de costumes autour d’une mise en scène honorable.
S’il est trop classique dans son traitement et ne parvient jamais à se hisser au niveau d’exigence de ses références, Infiltrator en vient à se racheter par son efficacité. Et Bryan Cranston, lui, comme toujours, est excellent.