Le 14 janvier 2004


Premier roman à succès dans le milieu de la pornographie "snuff", cette Impasse de la perversion décolle pourtant, dans une réflexion sans espoir sur l’amour et la solitude.
Premier roman à succès dans le milieu de la pornographie "snuff", cette Impasse de la perversion décolle pourtant, dans une réflexion sans espoir sur l’amour et la solitude.
La chair est triste et Rilke le sait mieux que personne, qui assouvit une homosexualité honteuse dans l’obscurité des jardins publics et épanche, à l’occasion, les chagrins d’amour éthyliques de Rose, sa patronne. La brocante a du mal à faire vivre son monde, et lorsqu’il est appelé pour un débarras dans une luxueuse maison bourgeoise, il se prend à croire que la chance peut tourner. Mais le mort avait ses petites manies. Une bibliothèque érotique d’anthologie, et une collection de photos. Sur l’une d’entre elles, Rilke croise le regard vide d’une jeune femme ligotée, le cou barré d’une plaie béante. La mise en scène à laquelle il veut croire se dérobe toujours un peu plus à mesure qu’avance une enquête qui va mener Rilke dans les coulisses glauques du marché du sexe.
Louise Welsh est écossaise, et signe là son premier roman, faisant du même coup exploser le box-office en Angleterre, en Ecosse et aux Etats-Unis. Le thème est porteur et l’intrigue policière bien ficelée. Glasgow pèse comme une chape sur des personnages paumés et vaguement dépressifs que l’enquête renvoie face à eux-mêmes et à leur propre vie amoureuse. De grandes perversions qui en reflètent d’autres, plus modestes, comme ces garçons inconnus que Rilke étreint à la sauvette dans les buissons, ou Rose, qui noie ses peines de cœur dans le bordeaux. La pornographie n’est finalement que le miroir de nos solitudes, la rencontre de deux détresses que la noirceur du fantasme tente de masquer. Au bout, l’impasse.
Louise Welsh, Impasse de la perversion, (The cutting room, traduit de l’anglais (Ecosse) par Pierre Charras), Balland, 2003, 371 pages, 22 €