Le 24 juin 2023
Un biopic musical élégant et intelligent, qui transcende son apparence de produit culturel à costumes par un vrai regard de cinéaste.
- Réalisateur : Petr Václav
- Acteurs : Barbara Ronchi, Elena Radonicich, Vojtěch Dyk, Lana Vlady, Alberto Cracco, Lino Musella
- Genre : Biopic, Historique, Musical
- Nationalité : Italien, Tchèque, Slovaque
- Distributeur : Nour Films
- Durée : 2h20mn
- Date télé : 22 avril 2024 22:47
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 21 juin 2023
- Festival : San Sebastian International Film Festival, Arras Film Festival 2022
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Résumé : 1764. Dans une Venise libertine, le musicien et compositeur Josef Myslivecek, surnommé « Il Boemo », ne parvient pas à percer malgré son talent. Sa liaison avec une femme de la cour lui permet d’accéder à son rêve et de composer un opéra. Dès lors sa renommée grandit, mais jusqu’où ira-t-il ? La vie, l’œuvre et les frasques d’un compositeur de génie oublié que le jeune Mozart admirait.
Critique : Réalisateur tchèque révélé dans les années 1990, Petr Václav est l’auteur de plusieurs longs métrages différents par leur style. Il est ainsi surprenant de découvrir le décalage entre le néoréalisme minimaliste de Zaneta (ACID 2014) et l’apparence de produit culturel prestigieux à costumes que pourrait laisser croire Il Boemo, biopic d’un compositeur célèbre en son temps mais vite promu à l’oubli. Pourtant, la volonté de perfection recherchée par Josef Mysliveček (1737-1781) fait écho à la quête de reconnaissance de la jeune Rom victime de discrimination. Connu pour ses opéras composés pour les plus grandes gloires de la scène italienne, Mysliveček était né au royaume de Bohême (alors incorporé à l’empire d’Autriche), et dont le territoire fait aujourd’hui partie de la Tchéquie. Le projet du long métrage est né de la volonté du cinéaste de réhabiliter un compatriote, en lui consacrant un biopic. Il s’est d’abord livré à travail de recherche historique et musical important, avant d’écrire le scénario en collaboration avec Gilles Taurand.
- © 2023 Mimesis Film, Nour Films. Tous droits réservés.
Et il tient à préciser dans le dossier de presse : « Les petits pays sont toujours très sensibles aux histoires de compatriotes qui ont réussi à l’étranger. C’est pour cela que Myslivecek est connu en Bohême. Une légende vague d’un Myslivecek grand conquérant d’Italie flattait l’égo national pendant trop longtemps. Mais personne ne ressentait le besoin de prendre sérieusement connaissance de son œuvre. Par conséquent, mon film y était très attendu. Je crois que nous sommes arrivés à réveiller un intérêt réel pour l’œuvre de Myslivecek et rappeler son histoire. Nous avons fait également publier, à l’occasion de la sortie du film, deux livres de l’Américain Daniel Freeman sur Myslivecek, d’abord un livre de vulgarisation, puis un ouvrage plus volumineux de musicologie pour un public plus exigeant. Nous avons monté, mon producteur, la décoratrice de mon film et moi-même, une exposition bilingue tchèque-anglais sur Myslivecek et sur son époque. Elle a été ouverte à Prague pendant plusieurs mois ». Deux pièges étaient tendus à Václav. D’une part, son souci de reconstitution aurait pu faire verser le film sur la pente de l’académisme, avec apparat de décors et costumes d’époque : il n’en est rien, et le cinéaste opte pour la sobriété semi-documentaire et la distance, notamment dans les scènes de représentations des concerts.
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D’autre part, la vie sentimentale et professionnelle agitée du compositeur, qui mourra de syphilis après avoir été ruiné et abandonné de tous, aurait pu conduire aux excès mélodramatiques, que le réalisateur évite par un style distancié, sans tomber non plus dans l’épure cérébrale de Chronique d’Anna Magdalena Bach des Straub, et en ayant conscience de la nécessité d’être imaginatif quant aux éléments personnels de la vie du compositeur et de son entourage. Quelque part entre Barry Lyndon (les sublimes éclairages, la ressemblance entre Vojtěch Dyk et Ryan O’Neal) et Amadeus (Il Boemo aussi oublié que Salieri, mais pourtant proche de Mozart qui l’admirait), le long métrage est une réelle réussite esthétique, visuelle mais aussi sonore, à travers les passages musicaux. Les plus belles séquences sont à cet égard celles montrant la cantatrice Caterina Gabrielli exerçant son art. Il faut souligner ici le jeu profond de l’actrice Barbara Ronchi (la mère éplorée de L’enlèvement), doublée pour le chant par Raffaela Milanesi. Les autres interprètes féminines sont également merveilleuses, dont Elena Radonicich en noble libertine et Lana Vlady en amoureuse victime du harcèlement de son mari. Film qui ravira à la fois les cinéphiles et les mélomanes, Il Boemo est donc une réussite du genre, hautement recommandable.
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