I See You - Adam Randall - critique

Critique : I See You est un film qui se distille lentement. Le spectateur est totalement pris dans un labyrinthe. Alors qu’il croit qu’une piste se dégage, l’action change de point de vue et donne à voir une toute nouvelle perspective. A ce moment-là, la peur s’amplifie, car elle est plus vraisemblable qu’il n’y paraît. Mais ce n’est pas terminé…
Jusqu’à la fin, l’intrigue haletante nous balade de fausses pistes en vrais phénomènes, nous fait découvrir la dualité des personnages, jusqu’à révéler leur vrai visage. Qu’il se cache derrière un masque de grenouille inquiétant ou qu’il exhibe l’image d’une famille parfaite, le mal n’est sans doute pas là où on l’attend.

Crédits : L’atelier d’images/Program Store

La majeure partie du film se déroule dans la maison des Harper, nous entraînant ainsi dans une sorte de huis clos familial où vont se produire les événements étranges. Des indices anecdotiques sont disséminés, comme le déplacement d’un mug d’une pièce à l’autre, des photos qui ne sont plus à la bonne place ou encore la disparition de la vaisselle, après le passage d’un ouvrier venu réparer une fenêtre. Dans un quotidien bien confortable, l’inexplicable s’installe par petites touches, de sorte que les personnages le remarquent à peine. Et pour cause, la famille traverse elle-même des tensions : Greg dort sur le canapé, Connor, leur fils adolescent, se renferme et Jackie tente de maintenir les liens à tout prix, en faisant bonne figure. La pression est d’autant plus forte que Greg mène parallèlement l’enquête sur la disparition d’un jeune garçon : elle pourrait bien marquer le retour d’un tueur en série qui avait sévi des années auparavant.

Peut-il y avoir un lien entre cette enquête et le fait que la famille Harper soit prise pour cible ? Si le scénario ne donne pas vraiment de direction, la réalisation, elle, cherche à tout prix à faire entrer ce long métrage dans les codes du film d’horreur. On n’échappe pas à une musique lourde, qui cherche à rendre angoissant un plan de caméra révélant un couloir, privilégiant les angles, de manière à susciter l’idée qu’un monstre va surgir à tout moment ou encore quelques « jump scares » efficaces. Mais ces procédés, très systématiques, finissent par agacer.

Helen Hunt

Crédits : L’atelier d’images/Program Store

Comme dans un labyrinthe, on peut perdre patience au bout d’une heure de film, où l’on ne comprend pas comment tous ces fils peuvent se dénouer. Les dialogues ne sont pas toujours à la hauteur. Heureusement, le casting parvient à relever le niveau, l’interprétation n’étant ni trop maniérée, ni trop appuyée, contrebalançant ainsi les faiblesses de réalisation. Le choix de prendre deux acteurs confirmés pour incarner les parents, Helen Hunt et Jon Tenney, apparaît comme tout à fait judicieux : leur jeu s’adapte parfaitement à la panique comme à la maîtrise de la situation. Les jeunes comédiens remplissent tout autant leur rôle, devenant au fur et à mesure de l’histoire des personnages profonds.

Jon Tenney

Crédits : L’atelier d’images/Program Store

I See You réussit la prouesse de dérouter le spectateur jusqu’au bout. Malgré quelques défauts de réalisation qui ne servent pas le scénario, cette production est à découvrir en DVD, pour le plaisir de répondre à la question qui ne se pose qu’à la fin : est-ce que j’aurais pu m’en apercevoir avant ?