Le 28 décembre 2017
Un conte africain qui frappe par son ton décalé et sa volonté de prise en compte d’éléments réalistes. Le premier film attachant d’une réalisatrice née en Zambie.
- Réalisateur : Rungano Nyoni
- Acteurs : Margaret Mulubwa, Henry B.J. Phiri, Nancy Mulilo
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique, Français, Zambien
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 27 décembre 2017
- Festival : Festival de Cannes 2017
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Résumé : Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre... Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ?
Critique : Auteure de courts-métrages primés aux BAFTA, au Festival de Locarno et à la Quinzaine des Réalisateurs, Rungano Nyoni est née en Zambie mais vit au Portugal, après avoir grandi au Royaume-Uni où elle a suivi des études d’art. Son premier long métrage se présente sous la forme du conte, un genre que le cinéma africain affectionne, depuis les grands classiques de Ousmane Sembene et Souleymane Cissé. Un cadre réaliste imprègne pourtant ce récit d’une fillette amenée à connaître une célébrité dont elle se serait aisément passée. Il ne s’agit pas tant de l’existence avérée des camps de sorcières, en Zambie et en Afrique en général : les mauvais traitements et sévices que ces femmes y subissent ont été délibérément évacués dans le scénario, qui a préféré miser sur l’imaginaire et l’insolite.
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L’ancrage au réel se situe alors dans l’environnement des protagonistes : d’un bus de touristes venus photographier ce qu’ils considèrent être un zoo humain au plateau de télévision où s’improvise un débat sur l’exploitation des enfants, en passant par les agissements d’un fonctionnaire corrompu, Rungano Nyoni a une prédilection pour les situations et personnages qui tirent le conte du côté de la fable sociale. Il en ressort une œuvre décalée et étrange, dont l’humour dans des moments sombres contraste avec la gravité du pitch initial. A ce propos, la réalisatrice a déclaré : « Les films africains que nous voyons dans les festivals internationaux sont souvent le reflet du type de films qui sont largement soutenus. Cela crée une spirale d’uniformisation car les financeurs cherchent parfois la sécurité. Alors que la production africaine locale est par ailleurs beaucoup plus absurde et expérimentale qu’on ne puisse l’imaginer. Lorsque vous proposez un film différent, vous avez à convaincre les financiers de soutenir un type d’humour dont ils n’ont pas l’habitude et avec lequel ils se sentent parfois même très inconfortables. Heureusement, de mon côté, j’ai eu la chance d’être soutenue malgré tout ».
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Le résultat est convaincant, et deux écueils ont été évités, la cinéaste ne tombant ni dans la parabole démonstratrice ni dans l’objet esthétique de fin d’études. Sa petite sorcière taciturne et mystérieuse restera dans les souvenirs, et ceux qui le souhaitent pourront la comparer avec les figures de Kiki la petite sorcière, Tabatha Stephens ou les petites condisciples de Harry Potter… Même si I Am Not a Witch n’atteint pas le degré de réussite de Timbuktu ou Un homme qui crie, pépites du cinéma africain de ces dernières années, ce premier long métrage révèle une cinéaste inspirée et habitée, dont on attend avec intérêt le second film.
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