Le 1er novembre 2024
Près de dix ans après son dernier opus, la saga Hunger Games revient pour un préquel tout à fait honorable, aventure menée tambour battant autant qu’analyse des vicissitudes du pouvoir.
- Réalisateur : Francis Lawrence
- Acteurs : Peter Dinklage, Jason Schwartzman, Viola Davis, Fionnula Flanagan, Hunter Schafer, Rachel Zegler, Tom Blyth
- Genre : Science-fiction, Aventures, Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 2h37mn
- Date télé : 11 novembre 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : The Hunger Games: The Ballad of Songbirds and Snakes
- Date de sortie : 15 novembre 2023
- Voir le dossier : Hunger Games
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Résumé : Le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée, la famille Snow autrefois riche et fière est aujourd’hui tombée en disgrâce dans un Capitole d’après-guerre. À l’approche des 10ème HUNGER GAMES, il est assigné à contrecœur à être le mentor de Lucy Gray Baird, une tribut originaire du District 12, le plus pauvre et le plus méprisé de Panem. Le charme de Lucy Gray ayant captivé le public, Snow y voit l’opportunité de changer son destin, et va s’allier à elle pour faire pencher le sort en leur faveur. Luttant contre ses instincts, déchiré entre le bien et le mal, Snow se lance dans une course contre la montre pour survivre et découvrir s’il deviendra finalement un oiseau chanteur ou un serpent.
Critique : Vous souvenez-vous de cette époque, à la fois proche et lointaine, où l’une des tendances les plus répandues dans l’industrie hollywoodienne consistait à adapter des romans pour ados, ou young adults pour les intimes ? Alors qu’au début de la décennie 2010, tout le monde montait à bord du train vers cette nouvelle ruée vers l’or, on ne tarda pas à compter les morts, entre les sagas abandonnées sur l’aire d’autoroute (Divergente, dont l’ultime volet ne fut jamais tourné) et celles qui ne dépassèrent pas le stade du pilote filmique (Numéro quatre, Les Âmes vagabondes, Sublimes créatures, Mortal Engines… On continue ?) L’un des seuls rescapés notables de cette grande purge est Hunger Games, série longue de quatre films inégaux qui lança avec fracas la carrière de la jeune Jennifer Lawrence.
- Rachel Zegler et Tom Blyth dans "Hunger Games : La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur"
- © 2023 Metropolitan Filmexport. Tous droits réservés.
Quoi de neuf à Panem – nom du pays fictif où prennent lieux ces films – dix ans après la fin du dernier volet ? Quoi de vieux, plutôt, puisque cette Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur (ouf !) est un préquel, centré sur les souffrances du jeune Coriolanus Snow, président de cette terre jadis interprété par le majestueux Donald Sutherland. Un post-scriptum superflu, existant simplement pour nous convaincre qu’une franchise terminée il y a dix ans n’est pas tout à fait moribonde ? Pas forcément, tant le film a fait le plein de super, aussi bien sur le versant de l’aventure tête baissée que de la fable sur les affres du pouvoir.
Qu’y a-t-il de nouveau sous le ciel de Panem, la cité blême et totalitaire au cœur du film ? Rien, ou presque – pas plus en tout cas que lors de la première trilogie. C’est l’habileté de cette saga, de brasser et remixer pour un public tout neuf une flopée de références pas nées d’hier : Battle Royale, 1984, Sa majesté des mouches… Sans même parler du sous-genre de « chasse à l’homme » qui a fait les très riches heures de la littérature et du cinéma dans La Dixième victime, Le Prix du danger, Running Man et surtout leur matrice à tous, Les Chasses du comte Zaroff. C’est pourquoi Quentin Tarantino est d’une indéfendable mauvaise foi quand il déclare qu’il aurait voulu remaker Battle Royale avant que Hunger Games les « pompent » : d’abord parce que QT lui-même a bâti son cinéma sur cette technique du sampling ; ensuite parce que si l’on veut retracer cette généalogie, il faudrait remonter à la parution de la nouvelle The Most Dangerous Game, publiée en… 1924 ! Sur papier comme sur pellicule, Hunger Games a avalé et digéré plutôt intelligemment ces œuvres pour en proposer une relecture accessible à un jeune public, avec de vrais morceaux de subversion dedans.
- Tom Blyth et Rachel Zegler dans "Hunger Games : La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur"
- © 2023 Metropolitan Filmexport. Tous droits réservés.
Ce nouvel opus tente même un parallèle avec l’œuvre de Shakespeare : le hiératique Coriolanus Snow (baptisé ainsi en hommage au Coriolan du barde anglais, et interprété par Tom Blyth, réincarnation de Peter O’Toole jeune) y nouera une romance aux « étoiles contraires » avec la roturière Lucy Gray Baird (Rachel Zegler, qui pousse par ailleurs, et fort bien, la chansonnette). Tel un personnage shakespearien, Snow devra commettre divers compromis et compromissions pour se hisser et rester en haut de la chaîne alimentaire du pouvoir. Avant, peut-être, de s’habituer à celui-ci « comme à la viande saignante », comme aurait dit György Konrád… L’étude psychologique de ce pouvoir qui corrompt – et, par ricochet du pouvoir absolu, qui « corrompt absolument » – est évidemment soluble avec de nombreux régimes politiques, de nombreux empires – bien réels, eux. L’ambiance du film, dans ses décors et ses costumes, s’en fait le reflet, en évoquant une hypothétique autocratie située quelque part entre le IIIe Reich et l’Union soviétique.
Vient enfin la question qui se pose chaque année alors que les vacances de Noël approchent : parents, devriez-vous vous infliger en compagnie de vos enfants ce spectacle pyrotechnique d’une longueur quelque peu décourageante (2h37, dont un dernier acte bien longuet) ? On serait tenté de dire que oui : vous y trouveriez sans doute matière à bailler mais vos rejetons, eux, y trouveront matière à réfléchir.
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