Réunion en bande désorganisée
Le 30 juillet 2018
Au milieu d’une belle brochette de personnages caricaturaux, Jodie Foster tente un retour en force. Pas sûr que la ringardise assumée de cette série B soit la meilleure rampe pour relancer sa carrière.
- Réalisateur : Drew Pearce
- Acteurs : Jodie Foster, Jeff Goldblum, Zachary Quinto, Charlie Day, Sofia Boutella, Dave Bautista, Jenny Slate, Sterling K. Brown
- Genre : Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h34mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 25 juillet 2018
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Résumé : Los Angeles, 2028 : dans une ville déchirée par des émeutes et sur le point de basculer dans la guerre civile, l’Hôtel Artemis y est un refuge où les criminels peuvent trouver soins et repos. Dirigé par Jean Thomas, aussi surnommée l’infirmière, avec l’aide de l’imposant Everest, cet établissement secret est régi par des règles strictes qui assurent sa réputation dans le monde des truands : pas d’armes ni de flics. Et surtout, on ne tue pas les autres patients. Mais cet abri va être rattrapé par le chaos extérieur lorsque des truands tentent d’y entrer de force pour y rattraper Waikiki, un braqueur qui s’y est réfugié après une attaque de banque qui a mal tourné. Aidé par le personnel et les autres résidents, dont Nice, une mystérieuse tueuse à gages en mission secrète, Waikiki s’apprête à vivre une longue nuit éprouvante…
Notre avis : En seulement cinq ans, Drew Pearce a su se faire connaître à Hollywood en participant au scénario de quelques blockbusters très remarqués, dont Mission Impossible : Rogue Nation. Pourtant, aucun des gros studios avec lesquels il a collaboré ne semble avoir voulu de son idée originale de film d’action, aux inspirations très 90’s. Preuve qu’il croyait en son projet, Pearce a pris sur lui de le mettre lui-même en scène, avec le soutien financier de Lionsgate, dont on sait qu’ils sont toujours friands d’histoires de tueurs à gages (les John Wick et Sicario, c’est eux !). Hotel Artemis ce n’est, sur le papier, pas grand-chose de plus que la réunion en huis clos de personnages de villains –dont quelques tueurs pour le plaisir des décideurs de Lionsgate– que l’on observe jusqu’à l’inéluctable explosion de violence. On peut facilement comprendre, à la vue de ce pitch convenu, que ni la Paramount ni la Warner n’aient voulu y mettre leurs billes. Et pourtant, Pearce a plus d’une surprise (bonne comme mauvaise) dans sa poche et surtout plus d’un nom dans son répertoire.
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Avant même les acteurs, Pearce a fait appel à Chung Chung-hoon, le chef opérateur attitré de Park Chan-wook. Comme son compatriote, celui-ci a fait ses premiers pas à Hollywood grâce à leur film Mademoiselle mais semble y avoir pris goût puisqu’il a depuis travaillé sur Ça, et donc maintenant Hotel Artemis. Afin de lui assurer une ambiance cyberpunk, et donc inévitablement nocturne (ah, que l’héritage de Blade Runner est lourd !), le directeur de la photographie a enveloppé le huis clos dans ce clair-obscur teinté de filtres ocres dont les productions Netflix raffolent.
Mais, davantage que cette esthétique résolument vintage, chargée en néons quelque peu tape-à-l’œil, Hotel Artemis est avant tout un film de personnages. Drew Pearce a bien compris qu’il leur fallait des interprètes qui sachent nous les rendre attachants. Sa véritable prouesse est d’avoir convaincu Jodie Foster d’accepter l’un des rôles principaux alors qu’elle semblait, depuis cinq ans, avoir abandonné sa carrière d’actrice pour se reconvertir en réalisatrice (quelques épisodes d’Orange is the New Black mais surtout son film Money Monster). Réapparaître ainsi, grimée d’un lourd maquillage vieillissant, peut sembler un exercice casse-gueule, mais l’actrice réussit à vampiriser tout le capital sympathie qui fait de ce petit film d’action un plaisir coupable pour amateurs de pop-corn.
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Aucun des autres personnages ne réussit à véritablement exister face à cette infirmière agoraphobe. Et pourtant, Drew Pearce a fait appel à d’autres acteurs à fort potentiel. Le mieux utilisé d’entre eux est assurément Dave Bautista, qui joue si bien de son potentiel comique que l’on peut en venir à se dire qu’il a bien mieux su que Dwayne Johnson trouver sa voie de catcheur reconverti (une conclusion que la récente bande-annonce de Final Score vient remettre en question). Ni Sterling K. Brown, en braqueur et pourtant, sur le papier, le personnage principal, ni Sofia Boutella, en simili-Elektra francophone, ni même Jeff Goldblum ou Zachary Quinto, dans des rôles plus secondaires, ne parviennent à tirer leur épingle du jeu.
On sait déjà que beaucoup de spectateurs, qui érigent Goldblum en totem des 80’s, n’iront voir le film que pour lui, alors que ses scènes se comptent sur les doigts d’une main, mais, à l’instar de tous les autres personnages, il n’est qu’une caricature dont l’arc narratif ne semble être là que pour alimenter celui de Jodie Foster. Difficile alors de déterminer si c’est véritablement l’actrice-star qui a réussi à ce que le film tourne autour d’elle ou si le scénario de Pearce était bancal dès le début. Puisqu’on aime bien Jodie Foster, on va se concentrer sur le potentiel avorté du background et les grosses ficelles qui composent chacun des climax émotionnels et autres twists prévisibles pour en conclure qu’Hotel Artemis repose davantage sur ses facilités d’écriture que sur son casting alléchant. De la part d’un scénariste reconnu, c’est forcément une déception.
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