Les aventuriers de la finance perdue
Le 12 mai 2021
Jodie Foster s’en prend cette fois à la finance dans un business-thriller ambitieux mais ronflant. Une œuvre certes dans l’air du temps mais aux sabots lourds...
- Réalisateur : Jodie Foster
- Acteurs : Julia Roberts, Dominic West, George Clooney, Jack O’Connell, Caitriona Balfe
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 1h39mn
- Date télé : 27 octobre 2024 20:55
- Chaîne : RTL9
- Date de sortie : 12 mai 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : Lee Gates est une personnalité influente de la télévision et un gourou de la finance à Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs…
- Copyright Sony Pictures Releasing GmbH
Critique : Quatre ans après le Le Complexe du Castor, Jodie Foster revient à Cannes hors compétition. L’actrice-réalisatrice, propulsée star à l’âge de 14 ans en 1976 grâce à Taxi Driver, connaît déjà l’exercice sur le bout des doigts. Mais la posture de cinéaste reste toujours assez nouvelle pour elle, ce qui reste palpable avec Money Monster, en dépit d’une certaine efficacité. Exit cette fois la comédie douce-amère et la rédemption de Mel Gibson, et place à un thriller politico-économique assez musclé, voire pompier sur les bords. La majeure partie de Money Monster se déroule en huis clos sur le plateau de tournage de l’émission éponyme présentée par Lee Gates (George Clooney), présentateur de télé vedette - sommet de la beaufitude façon Hanouna - suivi pour ses conseils avisés en matière de boursicotage. L’ennui est que le programme, visionné par des millions de téléspectateurs, ne relève ni du journalisme, ni des conseils d’experts. Pire : ce dernier diffuse pernicieusement l’idée selon laquelle placer son argent en bourse et jouer avec les marchés pour s’enrichir est aussi banal que de se faire livrer une pizza. Ou comment les chaines d’infotainment lobotomisent les téléspectateurs tout en se chargeant indirectement de promouvoir quelques géants de Wall Street pas toujours très recommandables.
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Un beau jour, en plein direct de l’émission, Lee Gates se retrouve pris en otage par un homme ayant perdu toutes ses économies après avoir appliqué ses recommandations de placements. La réalisatrice de l’émission, Patty Fenn (Julia Roberts), choisit de conserver l’antenne comme le lui incombe le jeune homme armé. Débute alors une sorte de télé-réalité-réquisitoire populaire contre le capitalisme, menée tambour battant par le preneur d’otage. Protestation qui se mue peu à peu en enquête de fond en direct, permettant ainsi à des millions de téléspectateurs de comprendre comment la société Ibis Clear Capital a pu faire perdre 800 millions de dollars à ses petits actionnaires, elle qui mentionne pour sa défense un "glitch" douteux de son algorithme de transaction. Couac d’autant plus improbable que le principal intéressé, le PDG d’Ibis Clear Capital, reste introuvable et refuse les propositions d’interview.
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La critique de Jodie Foster, un tantinet naïve bien que dans l’air du temps, vise à la fois la finance à outrance, mais également les chaînes d’infotainment, peut-être plus coupables encore à ses yeux que les magnats eux-mêmes. On notera que Lee Gates et sa réalisatrice Patty Fenn, pas choqués pour un sou par leurs péripéties retransmises en direct au monde entier, ne s’intéressent en définitive qu’à leur prochain gros coup, conscient du retentissement inopiné de leur programme. Le malheur d’une poignée de citoyens de la classe moyenne ne pèse évidemment pas très lourd dans le calcul de quelques "monstres" des médias et de la finance, bien décidés à continuer à se renvoyer l’ascenseur. Ce serait toutefois mentir que de voir en Money Monster un héritage de Sidney Lumet, même s’il croise en un sens Un après-midi de chien et Network : main basse sur la télévision. La charge critique de Jodie Foster n’atteint en effet jamais la causticité et l’intelligence du papa de Douze hommes en colère. Reste que le cri d’alarme de Kyle Budwell (Jack O’Connell, aussi échauffé que dans Les poings contre les murs) reflète indiscutablement un malaise de notre temps, bien que la boîte de Pandore (Panama Papers & co) soit déjà bien ouverte. La chose regrettable dans ce nouveau film de Jodie Foster est certainement sa propension à instrumentaliser les codes du divertissement pour convaincre. Certes, le fond de Money Monster se défend allègrement, mais d’un point de vue purement cinéma, les mécaniques sont faibles. La production ne lésine pas sur les effets tape-à-l’œil, et la dimension mélodramatique finit par vampiriser le reste. Dommage, car le scénario, peu original mais idéalement resserré, aurait pu permettre autre chose qu’enfoncer des portes ouvertes. Malgré ces quelques faiblesses, Money Monster surclasse pourtant largement la moyenne des thrillers du genre. Un bon film du dimanche soir, en somme.
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