Notre avis : En 1988, lorsqu’il imagina la bande dessinée Akira, Katsuhiro Ōtomo en situa l’intrigue en 2019 : pourtant, comme pour des chefs-d’œuvre tels que 1984 ou 2001, l’Odyssée de l’espace, loin de donner aux 2200 planches qui en composent les six volumes les allures d’une prophétie apocalyptique qu’aurait infirmée le réel, ce date confère à cette dystopie d’autant plus d’actualité que le mangaka y dépeint une jeunesse perdue dans une société sans repères, qui finira, au sens littéral du terme, par exploser en raison d’expériences menées sur le vivant par des apprentis sorciers à la solde de politiciens irresponsables. D’autant qu’une coïncidence inattendue suscite, pour le lecteur d’aujourd’hui, un saisissant effet de réel : la ville de Neo-Tokyo y prépare en effet, comme Tōkyō actuellement, les Jeux Olympiques de 2020.

Le stade olympique de Neo-Toko dans le deuxième tome

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C’est pourquoi, alors que Katsuhiro Ōtomo a annoncé, durant l’été, la restauration en 4K de l’adaptation de son manga en film d’animation, plusieurs éditeurs profitent de cette année pour publier des ouvrages consacrés à cette double œuvre, qui fut, au Japon comme en France, un véritable événement, pour ne pas dire une déflagration. Hommage à Akira : héritage de l’Apocalypse paraît ainsi, pour se limiter aux sorties françaises, au même moment que Le choc Akira. Une [r]évolution du manga (Third Éditions), mais fait aussi et surtout suite à un autre ouvrage, un hors-série de la revue Rockyrama, déjà publié chez Ynnis Éditions et simplement intitulé Akira.

Copyright : Ynnis Éditions

Or, contrairement à ce que laisserait penser son format cartonné, il fonctionne non pas comme un approfondissement, mais davantage comme un complément de ce précédent ouvrage, ne traitant ainsi que très peu de l’œuvre en elle-même, mais développant plutôt les questions de sa genèse, de son adaptation au public occidental et surtout de ce qui constitue ce que Stéphanie Chaptal nomme son héritage : les produits dérivés, les mangas et animes que Katsuhiro Ōtomo a créés par la suite, les autres œuvres qu’Akira a inspirées ou simplement influencées, du manga au cinéma en passant par l’animation, du Japon à Hollywood en passant par l’Europe.

Copyright : Ynnis Éditions

Dès lors que l’on a pris son parti de cet angle d’approche qui peut, au premier abord, sembler adventice, force est de reconnaître que l’ensemble, intégralement rédigé par la journaliste et traductrice Stéphanie Chaptal, s’avère de bonne facture : les interviews sont diversifiées, pertinentes et menées de manière efficace, les textes plus explicatifs sont, dans l’immense majorité des cas, de bonne qualité, et l’iconographie s’avère tout à la fois riche, originale - certaines illustrations sont ainsi de véritables raretés - et variée. Il n’y aurait donc aucune raison de ne pas conseiller cet ouvrage au public de collectionneurs et de passionnés auquel il est destiné.