Hitomi – HS Tak, Isabella Mazzanti - la chronique BD

Critique : Hitomi a la vengeance chevillée au corps. Cette petite fille n’a plus rien d’une enfant. Elle n’a qu’un but et fera ce qu’il faut pour l’atteindre. Son regard dur n’a plus de place pour la tendresse ou l’amitié. Tout doit servir son objectif. Et pourtant, on s’attache à ce personnage tranché, qui semble ne rien regretter. Face à elle, Yatsuke, le samouraï noir vieillissant, réduit à faire des matchs de sumo de village en village pour gagner son pain. Distant avec le monde, revenu de plusieurs guerres, il aspirait à rentrer chez lui, mais n’avait pas l’argent pour. Ces deux personnages vont avancer ensemble. Mais ce que Yatsuke ne sait pas, c’est que la personne dont veut se venger la petite Hitomi, c’est lui !

Ce duo bancal devra surtout survivre dans un Japon médiéval où le pouvoir appartient aux seigneurs et au Shogun, autant de gens indifférents à la vie d’une fillette ou d’un étranger noir.
La question qui plane sur toute la BD est de savoir comment Hitomi va assouvir sa soif de vengeance...

HS Tak, Isabella Mazzanti / Urban

Graphiquement, Isabelle Mazzanti nous offre un dessin fluide, à l’encrage rappelant plutôt un coup de crayon bien sombre. Les décors organiques semblent animés par le souffle du vent. Les couleurs de Valentina Napolitano créent des ambiances particulières, ses teintes claires se dégradent doucement pour donner une forêt, une tenture. En complément, les hachures apportent du relief et la dessinatrice dose savamment ses traits selon les cases et les situations.

Le découpage parois rond, parfois plus carré de Nicoletta Bea est toujours au service de l’histoire, rond dans les souvenirs, fracturé dans l’action, plus habituel dans le suivi de la narration.

Les illustrations de tête de chapitres sont réalisées par des dessinateurs différents. Et la fin de la BD présente un cahier avec des recherches graphiques et des essais de couverture. Un texte de HS Tak explique son approche du personnage historique de Yatsuke.

Hitomi est une BD âpre et violente, avec un graphisme fluide et des couleurs d’ambiance qui nous emmènent avec plaisir dans le Japon médiéval.