Le 20 avril 2015
Film grandiose, Hitokiri, le châtiment est l’un des plus grands chambaras - films de sabre - de l’Histoire.
- Réalisateur : Hideo Gosha
- Acteurs : Yukio Mishima, Tatsuya Nakadai, Mitsuko Baishô, Shintarô Katsu, Yûjirô Ishihara
- Genre : Arts martiaux - Combats
- Nationalité : Japonais
- Durée : 2h20
- Titre original : Hitokiri
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Film grandiose, Hitokiri, le châtiment est l’un des plus grands chambaras - films de sabre - de l’Histoire.
L’argument : Dans le Japon du XIXe siècle un tueur naïf est utilise par un chef de clan dans son ascension sociale.
Notre avis : Se situant juste après le chambara hivernal Goyokin, l’or du shogun dans la fructueuse carrière d’Hideo Gosha, Hitokiri, le châtiment est lui aussi un chambara – le film de sabre japonais – qui constitue l’un des sommets de sa carrière, et peut-être même son meilleur film !
Bizarrement, Hitokiri, qui a rencontré un immense succès à sa sortie en 1969, a été rapidement interdit en salles. Cette interdiction tient au destin tragique du célèbre écrivain Yukio Mishima qui s’est fait harakiri après un coup d’état raté, ce qui rappelle étrangement le destin du personnage qu’il interprète dans Hitokiri. Le film n’a pas été visible durant de nombreuses années, en raison de l’interdiction de la famille de Mishima.
Hitokiri évoque l’histoire d’Izo, un ronin – samouraï sans maître – interprété par le génial Shintaro Katsu (le célèbre interprète de la série de films Zatoïchi) qui rêve de gloire mais qui va être l’instrument de clans rebelles qui ne cherchent qu’à l’exploiter à des fins politiques.
Car contrairement aux idées reçues, Hitokiri est bien plus un film politique qu’un film d’action. Certes, il y a plusieurs scènes d’action graphiques, totalement dans le style agressif et rugueux d’Hideo Gosha, mais elles demeurent peu nombreuses au regard des 2h20 du long métrage.
Le pessimisme du film est immanquablement lié à la vie de Gosha. Dans sa jeunesse, ce dernier avait été destiné à être kamikaze mais la guerre s’est arrêtée à temps pour lui. Dans Hitokiri, il met un point d’honneur à évoquer des questions essentielles sur le destin de son pays au lendemain de la seconde guerre mondiale. Comment le Japon a pu sombrer le fascisme ? Comment ce pays a-t-il pu perdre la guerre ? Et finalement qu’est-ce qu’être un homme japonais dans la société moderne ?
Hideo Gosha laisse entendre que tout découle de la phase de transition entre la période médiévale et l’ère moderne, le cinéaste se situant lui-même entre les auteurs classiques (Kurosawa, Mizoguchi, Kobayashi) et les maîtres modernes (Mizumi, Fukasaku).
Dans Hitokiri, la manipulation du brutal mais sympathique Izo est symbolique d’un Japon où les codes moraux ont disparu et ont laissé place à d’obscurs jeux de pouvoir débouchant sur l’individualisme. Contrairement à ce que pense Izo, tuer des gens ne sert pas son pays.
Le film est entièrement basé sur le chemin de croix d’Izo qui, de simple pantin, finit par devenir un homme qui pense et qui comprend que la société a évolué. Son seul salut viendra d’un respect de ces valeurs morales qui n’ont plus cours. Au moins, le personnage est en paix avec lui-même.
Hitokiri n’a pas volé son statut de chef d’œuvre du chambara. Il n’a pas vieilli d’un iota et ses thématiques sont toujours d’une grande actualité.
(C) Wild Side
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