Les chevaliers d’un autre temps
Le 12 juin 2015
Un film de yakuzas chevaleresques, dense, sombre, mélancolique et nihiliste qui laisse filtrer les indéniables qualités cinématographiques de son auteur.
- Réalisateur : Hideo Gosha
- Acteurs : Komaki Kurihara, Tatsuya Nakadai, Tetsurô Tanba, Noboru Andô, Kyoko Enami
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Metropolitan (éditeur DVD)
- Durée : 2h07mn
- Titre original : Shussho Iwai
L'a vu
Veut le voir
– Date de sortie en DVD/Blu-ray : 27 mai 2015
Un film de yakuzas chevaleresques, dense, sombre, mélancolique et nihiliste qui laisse filtrer les indéniables qualités cinématographiques de son auteur.
L’argument : Japon 1926. Quelque part dans le Nord de l’archipel, deux clans de Yakuza se disputent le contrôle du commerce du bois. Un règlement de compte sanglant met fin à la trêve et se solde par l’emprisonnement de ses principaux membres. Six ans plus tard, bénéficiant d’une amnistie, les deux clans sont forcés de s’unir. Mais cette union, scellée par un mariage arrangé, cache un sombre secret qui va provoquer leur perte dans un dernier baroud d’honneur...
© Toho
Notre avis : En 1971, deux ans après nous avoir délivré ce qui restera comme les deux grands chefs-d’oeuvre de sa filmographie (Goyokin et Hitokiri), le cinéaste japonais Hideo Gosha se réapproprie une bonne partie des codes du "ninkyo eiga" (film de yakuzas chevaleresques) sur Shussho Iwai alias Les loups. Son film s’ancre dans un contexte historique et politique très fort puisqu’il va correspondre à la transition du passage d’un Japon de tradition féodale à un autre plus moderne qui laisse place à des jeux de pouvoir affairistes où les codes d’honneurs ancestraux iront jusqu’à se retrouver bafoués. Les hommes de l’ancienne tradition, incarnés ici par des yakuzas amnistiés, échouent dans un monde à l’intérieur duquel ils ne se reconnaissent plus. Une vision pessimiste du Japon qui se répètera à plusieurs reprises dans l’œuvre de Gosha.
© Toho
Jonché d’une mélancolie et de moment méditatifs parfois saisissants, Les loups se centre sur une rivalité entre deux clans yakuzas forcés de s’unir. La lente progression du récit s’accomplit dans une atmosphère désenchantée en s’appuyant sur des personnages comme figés à l’intérieur du cadre. Le protagoniste principal, à la trajectoire sans espoir, quasi mutique, joué par l’excellent Tatsuya Nakadai mise tout sur son regard pour faire passer sa désillusion. Gosha laisse naître son talent par un sens de la beauté picturale nourrie aux cadrages puissants (ses visions de personnages errants au beau milieu d’une plage crépusculaire parsemée de bateaux échoués marque les esprits).
© Toho
On retrouve la rugosité du style qui lui est propre au moment de laisser éclater la violence (la scène des combats de sabre au cinéma, les règlements de compte en fin de métrage). Signalons tout de même qu’ici, la dimension psychologique phagocyte l’action, très peu présente. Mais le cinéaste ne manque pas de se distinguer en d’autres occasions, notamment lorsqu’il ose l’alliage entre la brutalité physique et l’érotisme avec une virtuosité formelle (la séquence du meurtre par les femmes aux ombrelles).
Au rang des choses moins agréables, citons le rythme trop lénifiant imposé par le long métrage. Celui-ci nuit souvent à l’homogénéité de l’ensemble, à tel point que plusieurs séquences de dialogues ou de scènes mineures risquent de se révéler laborieuses aux yeux du spectateur.
En définitive, cette œuvre sombre et nihiliste qui explore la corruption d’un monde chevaleresque s’avère d’une réelle densité. On ne manquera pas de la retenir en haut lieu dans la filmographie du cinéaste japonais.
LE TEST DVD :
L’éditeur Metropolitan a fait de beaux efforts pour remettre en valeur cette œuvre peu connue de 1971. La restauration de l’image est une merveille.
Les suppléments :
Au rayon des bonus figure un long entretien de 40 minutes très intéressant avec Christophe Gans et Robin Gatto (le biographe du réalisateur). Ces derniers revisitent la vie du cinéaste japonais avec un vrai apport cinéphilique. Un commentaire audio par Christophe Gans toujours et le journaliste Léonard Haddad dissèque le film avec une grande part d’admiration. On prend plaisir à les écouter et à enrichir notre vision autour du film. L’éditeur propose également une album souvenir de magnifiques photos noir et blanc ainsi que la bande-annonce originale.
© Toho
L’image :
La restauration irréprochable en support SD a bénéficié d’un très grand soin. Les couleurs sont éclatantes et les noirs très stables. Le travail du directeur de la photographie Kôzô Okazaki peut enfin être apprécié à sa juste valeur grâce à l’apport de cette copie. En plein écran c’est d’une beauté sans nom.
Le son :
Seul le mono japonais mixé en DTS-HD 2.0 d’origine nous est proposé. Aucun problème particulier à relever concernant la clarté des dialogues. Cette piste vous permettra de profiter dans de bonnes conditions de la superbe musique du film composée par Masaru Satô.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.