Le 30 juillet 2015
Film à sketches à la gloire de la sublime Sophia Loren et de Mastroianni, Hier, aujourd’hui et demain de Vittorio De Sica est un joli moment de comédie italienne à vocation sociologique, drôle, frais et cohérent.
- Réalisateur : Vittorio De Sica
- Acteurs : Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Aldo Giuffrè, Tina Pica
- Genre : Comédie, Romance, Film à sketches
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 26 octobre 2024 00:25
- Chaîne : France 3
- Reprise: 26 juillet 2023
- Titre original : Ieri, oggi, domani
- Date de sortie : 15 mai 1964
L'a vu
Veut le voir
– Reprise en version restaurée : 26 juillet 2023
Résumé : Trois villes, trois récits sur le couple, la sexualité et le pouvoir. À Naples, Adelina vend des cigarettes au marché noir car son mari est au chômage. Mais elle se fait arrêter par la police... À Milan, Anna, une riche femme, s’ennuie et parle de s’enfuir avec son amant, un écrivain. Jusqu’au jour où il a un accident avec la voiture de celle-ci... À Rome, Mara, une call-girl, fait tourner la tête d’un jeune séminariste...
Critique : Au début des années 60, c’est le retour en Italie de la divine Sophia Loren après une parenthèse américaine. Grâce à sa rencontre avec le réalisateur Vittorio De Sica pour La Paysanne aux pieds nus (La Ciociara), l’actrice a obtenu l’un de ses plus beaux succès personnels et même un prix d’interprétation à Cannes et l’Oscar de la meilleure actrice. Cela l’incite à récidiver pour des productions aussi diverses que Boccace 70 (Boccaccio ’70), Les Séquestrés d’Altona (I sequestrati di Altona) et Hier, aujourd’hui et demain (Leri, oggi, domani) où elle est de nouveau dirigée par De Sica qui a fait d’elle son égérie.
- © 1963 SURF FILM. TOUS DROITS RÉSERVÉS.
Toujours produit par Paolo Conti, l’époux de Loren, Hier, aujourd’hui et demain fut un joli succès en son temps, surfant sur la vague des comédies à sketches italiennes (parmi les plus représentatifs Boccace 70, coréalisé par Fellini, Visconti et De Sica, et Les monstres de Dino Risi). Mettant en scène le couple Sophia Loren et Mastroianni dans trois récits sociaux dépeignant des milieux et des régions symptomatiques de l’Italie des années 60, la comédie fonctionne merveilleusement, se nourrissant au charisme et à la verve ensoleillés du cadre et de ses comédiens qui sont renversants de charme.
Dans le premier récit, le jeune couple endetté des classes populaires multiplie les bambins pour échapper à l’emprisonnement. La gouaille se répand dans les rues napolitaines avec humanité et chaleur alors que, le temps d’une scène, De Sica fait basculer le genre dans la comédie musicale. L’esprit d’entraide entre voisins contre les autorités berce un récit magnifié par la beauté magnétique du personnage à fort caractère qu’incarne Sophia Loren. Elle émascule son mari, procréateur amoureux sans grand personnalité, qui vers la fin ne parvient plus à trouver l’érection salvatrice pour permettre à sa femme d’échapper à la prison. Un thème moderne dans l’air du temps.
Dans le second segment, Loren change de classe et vire du côté de la haute bourgeoisie. Femme de milliardaire égocentrique, elle parade en Rolls-Royce avec son amant d’un rang bien inférieur, interprété évidemment par Mastroianni. L’épisode basé sur la volubilité accablante de cette narcisse est certainement le moins succulent mais répond de manière cohérente à la construction sociale du film. Pour souligner les traits méprisables de cette femme imbue de sa personne, manipulatrice et égoïste, emblématique d’une certaine Italie, De Sica, la filme dans les paysages forcément milanais sous un angle glamour et ostentatoire. La chute laisse Mastroianni sur le carreau et le bas-côté. Aussi insupportable qu’elle nous apparaît, on pardonnerait presque tout au personnage de Sophia Loren, tant la comédienne est resplendissante.
- © 1963 SURF FILM. TOUS DROITS RÉSERVÉS.
Le troisième segment autour de la place Navone à Rome répond à l’amour du cinéaste pour la capitale italienne. Cité de l’amour, de l’esthétique, du divertissement et de l’encanaillement, on y voit une femme un peu légère dévoyer contre sa volonté un jeune homme voué au sacerdoce. L’humour et le charme romain pétrissent cette historiette où les mœurs et les générations se confrontent dans une Italie du changement qui taquine la religiosité.
Au final, ce condensé de soleil latin, de sensualité brune et de logorrhée irrésistible stimule encore nos sens entre bonhommie locale et raffinement, après avoir charmé ses contemporains du monde entier et en particulier les Américains qui le sacrèrent meilleur film en langue étrangère en 1965. Pas étonnant dès lors qu’une suite fut précipitée (Aujourd’hui, demain et après-demain), cette fois-ci réalisée par Ferreri, Eduardo De Filippo et Luciano Salce, toujours avec le père Marcello mais sans la belle Sophia et surtout sans grand succès.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.