Henri Cartier-Bresson

Le double DVD édité par MK2 nous offre le portrait en action d’un grand photographe humaniste, derrière puis face à la caméra.

L’argument : Le premier DVD présente le regard de réalisateur de Cartier-Bresson. Trois films de commande d’abord, deux sur la Guerre civile espagnole et un sur le retour des réfugiés en 1945 suivi d’un challenge, lancé par la télévision américaine au photographe, de dresser un portrait de la société US des années 70. Dans le second DVD, c’est l’œil du photographe qui est mis à l’honneur à travers des documentaires ou des montages dans lesquels on retrouve les clichés célèbres du photographe.

Notre avis : Né en 1908, c’est en 1931 qu’Henri Cartier-Bresson décide de se consacrer à la photo. La réalisation de films sera pour lui, l’assistant de Renoir, des petites récréations bien distinctes de son activité première. Et pourtant, d’un média à l’autre, ses préoccupations changeront peu : montrer l’humanité telle qu’il la voit et solliciter la perception de l’autre.
Le premier film réalisé par Cartier-Bresson traite de la mortalité infantile en Espagne avant l’avènement de la République en 1934 et l’ultime documentaire du DVD est un coup de gueule du photographe contre l’assassinat de deux petits bergers en Mauritanie en 1989.
Henri Cartier-Bresson a toujours accordé une place prépondérante à l’enfance dans ses œuvres. L’enfance, c’est l’homme en devenir, bien sûr, mais aussi l’innocence originelle, et violenter cette innocence est une façon aberrante (puisque le bourreau et la victime sont liés par leur appartenance à l’humanité) de nier la condition humaine jusque dans ses racines. Cette condition, Cartier-Bresson la revendique. Que ce soit dans ses photographies ou dans ses films, il place l’homme au centre de l’image, de sa réflexion qui n’a de sens que répercutée dans le regard de ses contemporains.

Cartier-Bresson filme, photographie, sans juger et se contente de provoquer le spectateur. L’exemple le plus frappant est son reportage effectué dans l’ouest des Etats-Unis dans lequel deux séquences sur la guerre du Vietnam se répondent : d’un côté une manifestation de soutien à la guerre et de l’autre des pacifistes. On écoute les slogans, on voit les visages recouverts de cheveux longs ou non, puis il s’attarde en parallèle sur les cordons de policiers, le plan se resserre sur un agent en particulier de chaque unité, sur les mains : dans un cas, le policier fait glisser son alliance le long de son index, dans l’autre une matraque tape nerveusement dans la paume gantée. Tout Cartier-Bresson est là, la vision globale et neutre puis le choix du détail qui interpelle, émeut. De notre réaction naît la conscience de notre condition commune et l’importance de ne jamais s’en exclure.

Le DVD

Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Dans le cas présent, on pourrait parler d’un double DVD de bonus car si les photographies sont connues, les films et les documentaires consacrés à la personne de HCB étaient jusque-là ignorés du grand public.

Image & son : Les films de Cartier-Bresson sont des films d’archives et pouvaient laisser craindre une image et un son médiocre. Il n’en est rien. On note un léger souffle sur ceux datés des années 30, marque d’une époque comme le crépitement du vinyle mais qui ne gêne en rien l’écoute. Les documentaires, plus récents, sont impeccables.