Le 24 novembre 2020
Le roman d’une héroïne, Hemlock, fille d’une longue lignée de célèbres empoisonneuses dont les destins cruels lui sont contés comme un écho à sa propre vie.
- Auteur : Gabrielle Wittkop
- Editeur : Quidam éditeur
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 8 octobre 2020
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Résumé : Une femme voit son existence et ses réflexions sur la mort, l’amour et la liberté se réfléchir à travers le destin de trois célèbres empoisonneuses. De la première à la dernière ligne, un roman envoûtant au charme vénéneux, une langue somptueuse, quatre histoires en une, macabres, belles, diaboliques. Inoubliable.
Critique : Publié initialement en 1988, voici le chef-d’œuvre de Gabrielle Wittkop enfin réédité. Le récit cadre est l’histoire de Hemlock (en anglais « cigüe ») et de H., son compagnon atteint d’une maladie dégénérative. D’emblée, le roman est placé sous le signe du poison, au centre des trois histoires recueillies lors de voyages qui éloignent Hemlock de son amour et de pensées insupportables : H. doit-il se suicider avant de devenir une charge injuste pour elle ?
A Rome, un marquis lui conte la vie de Beatrice Cenci, aristocrate et empoisonneuse de la Renaissance italienne, parricide, morte sur l’échafaud. A Paris, c’est une antiquaire qui évoque la marquise de Brinvilliers, célèbre figure de l’affaire des poisons sous Louis XIV, décapitée en place de Grève. Enfin, lors d’un séjour en Inde, un médecin lui dresse le portrait d’Augusta Fulham, bourgeoise anglaise morte en 1914, mariée à un lieutenant des Indes britanniques, condamnée à perpétuité pour l’avoir empoisonné. La force des récits repose sur leur amoralité et sur l’humanité rendue à ces meurtrières liées par leur condition féminine outragée, prisonnière et presque coupable par nature. Chaque destin fait écho au précédent, résonnant avec celui de Hemlock, leur dépositaire. Sous les figures tutélaires de Sade ou Baudelaire, la corruption des chairs et des âmes est palpable, l’écriture riche et sensorielle met en scène des tableaux vivants des misères et des vices du passé ; viols, incestes, crimes ne sont pas épargnés au lecteur, et des scènes d’anthologie d’un incroyable réalisme prennent vie sous ses yeux : carnaval romain, orgie dans un cimetière parisien, rues indiennes bondées. L’auteure excelle dans un style marqué par la cruauté, l’ironie tragique et l’humour noir, le tout au service d’une réflexion sur la misère de la condition humaine : « Nous vivons chaque jour un drame de Beckett, adapté pour le Grand-Guignol ».
556 pages - 25 euros
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