Cool mais geek
Le 8 juin 2014
Un second volet supérieur au premier mais trop puéril pour atteindre la dimension stratosphérique d’un Dark Knight.
- Réalisateur : Guillermo del Toro
- Acteurs : Ron Perlman, John Hurt, Selma Blair, Luke Goss, Doug Jones, Jeffrey Tambor, John Alexander, James Dodd
- Genre : Fantastique, Action, Film de super-héros
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UIP (United International Pictures)
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 11 avril 2023 21:30
- Chaîne : NRJ 12
- Titre original : Hellboy 2 : the Golden Army
- Date de sortie : 29 octobre 2008
Résumé : Après qu’une ancienne trêve établie entre le genre humain et le royaume invisible des créatures fantastiques ait été rompue, l’Enfer sur Terre est prêt à émerger. Un chef impitoyable qui règne sur le royaume d’en-dessous, renie ses origines et réveille une menace sans précédent : une armée de créatures que personne ne peut arrêter. Maintenant, il est temps pour le super-héros le plus indestructible et le plus cornu de la planète de combattre un dictateur sans pitié et ses légions. Il peut être rouge, il peut avoir des cornes, il peut être mal compris, mais si vous voulez que le travail soit bien fait, appelez Hellboy. Avec ses partenaires du Bureau de Recherche et de Défense Paranormal (B.P.R.D.), sa petite amie pyrokinésique Liz, l’aquatique et empathique Abe Sapien et le mystique protoplasmique Johann, le B.P.R.D voyagera entre notre monde et celui où voguent les créatures que ne peuvent pas voir les humains, où les créatures du monde fantastique sont devenues réelles. Hellboy, créature appartenant aux deux mondes qui n’est accepté dans aucun, devra choisir entre la vie qu’il connaît et une destinée incertaine qui l’attend.
Critique : Depuis ses débuts, Guillermo del Toro mène une carrière presque schizophrène en réalisant d’une part des films fantastiques intimistes (L’échine du diable, et dernièrement Le Labyrinthe de Pan) où l’horreur du réel devient plus cruelle que celle des contes ; et de l’autre, des gros projets décomplexés (Mimic, Blade 2). Bonne surprise : Hellboy 2 ressemble à une somme cohérente de ces deux styles. Les scènes d’action, situées à des intervalles réguliers, alternent avec des parenthèses plus intimes (le couple Hellboy/Liz). Le traitement qu’il tire du prince elfe Nuada bénéficie de nuances (il est assoiffé de pouvoir mais assène quelques vérités sur la domestication des créatures assimilées aux marginaux) même s’il manque de subtilité. Au-delà du divertissement idéalement proportionné, del Toro dévoile ses influences personnelles qu’elles soient picturales ou cinématographiques. Ça s’étend de l’héritage Miyazaki (Le Labyrinthe de Pan évoquait déjà Le voyage de Chihiro), les yokai japonais ou même une référence - un peu voyante - à La fiancée de Frankenstein). Del Toro s’identifie à son « super-héros nerd » en mettant en avant son incapacité à mûrir (le réalisateur mexicain assumant de plus en plus la dimension romantique et sentimentale à peine esquissée dans Blade 2 ou le premier Hellboy).
Le point positif, c’est qu’il est ici autant question d’opposer les humains aux super-héros (la population est moyennement encline à les accepter, à l’image de n’importe quelle minorité) que de proposer un défilé de monstres qui mettent leur savoir et leur pouvoir en commun. En changeant de producteur (Universal après Revolution studio), del Toro qui connaît plus que quiconque cette mythologie bénéficie d’un budget plus confortable (quatre-vingt-cinq millions de dollars) pour expérimenter d’un point de vue technique. Le cinéaste agit autant comme illustrateur que conteur d’histoires et fait mieux que dans le premier Hellboy qui ressemblait à une longue introduction bavarde où l’on désespérait un vrai climax (finalement logique avec l’évolution d’un super-héros qui ne pouvait pas sortir de sa tanière).
Le point faible, c’est que del Toro rumine un sens de l’humour lourdingue pour donner l’illusion à ses fans hystéro-geek qu’il n’a pas changé, qu’il a su conserver son intégrité et son humilité. Si, d’un volet à l’autre, les progrès sont manifestes, pas la peine de s’enflammer non plus : del Toro ne réussit pas à emporter l’adhésion ailleurs que chez ses fans les plus transis qui s’extasient béatement et sans nuance devant chacune de ses productions. La faute à la mécanique répétitive du scénario, aux dialogues infantiles calibrés pour les moins de douze ans et surtout à cette propension à ne pas exprimer une poésie autrement que par des trouvailles visuelles (on attend plus de fluidité dans la narration et encore plus de folie à tous les points de vue). Moralité : del Toro doit évoluer en même temps que Hellboy. Faire des films pour les geeks, c’est bien. Faire des films pour les autres aussi, ce serait mieux. Des faiblesses qu’il faudra corriger si ce cinéaste veut atteindre une cible plus large avec le troisième volet. Heureusement, d’un bout à l’autre, Hellboy traîne une vraie mélancolie de bougon asocial et Ron Perlman s’affirme comme l’incarnation rêvée du démon rouge.
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roger w 6 novembre 2008
Hellboy 2, les légions d’or maudites - la critique
Guillermo del Toro nous revient avec un second volet plus dynamique, mais toujours miné par un humour vaseux. Le spectacle demeure agréable à regarder et d’une grande beauté visuelle. Sympa.