Poison chat
Le 2 février 2005
Sur fond de corruption et de combines immobilières, un avocat sur le déclin tente d’éclairer de nombreuses zones d’ombre de la Big Apple.


- Auteur : Colin Harrison
- Editeur : Belfond
- Genre : Polar, Roman & fiction
- Nationalité : Américaine

L'a lu
Veut le lire
Colin Harrison offre un rôle de tout premier plan à la ville de New York.
Voilà bien un roman comme il en fleurit pas mal ces derniers temps aux Etats-Unis, mêlant une étude de mœurs et une trame policière, imbriquant une face cachée de la société des affaires avec celle du crime. L’association est ici particulièrement réussie puisque l’auteur ne tombe jamais dans la facilité ou la mauvaise caricature. A partir de la déchéance d’un homme à qui la vie avait toutes les raisons de sourire, Harrison dresse le portrait souterrain d’une ville gangrenée par le clientélisme et l’argent sale. L’incarnation de ces travers, du roi dollar et des paradis artificiels, c’est le Havana Room, pièce en sous-sol d’un restaurant tenu par Allison, une belle et énigmatique jeune femme.
Bill est un brillant avocat et pénètre dans ce lieu par hasard, alors qu’il vient de dégringoler au fond du trou, à la suite d’une événement tragique ayant provoqué le départ de sa femme et son fils. C’est dans ce steak house qu’il fait la connaissance de Jay Raine qui l’embauche sur les conseils d’Allison pour régler dans l’urgence une affaire immobilière. Mais Bill s’aperçoit rapidement que la transaction possède d’étranges zones d’ombres.
Colin Harrison traite ici des masques grimaçants et cyniques d’une société repliée sur elle-même, nocturne, impitoyable et sans pitié. Entre secrets de famille et intérêts privés, il navigue sur les flots tumultueux d’un pays cédant aux sirènes des prometteurs. La démarche se rapproche de celle de Jonathan Franzen qui avait déjà, dans La vingt-septième ville, dressé un portrait très glauque de la ville de Saint Louis. Sauf que le monde de Harrison est plus sombre, plus larvé, plus souterrain encore. Ce roman préfigure sans doute l’orientation littéraire des écrivains américains à la suite du 11 septembre, dans un pays où, de plus en plus, règne la loi du plus fort et du chacun pour soi.
Colin Harrison, Havana Room (The Havana Room, traduit de l’américain par Oristelle Bonis), Belfond, 2005, 450 pages, 21,50 €