Le 8 décembre 2003
Même si la magie de l’effet de surprise a tendance à s’estomper, ce cinquième volume des aventures de Harry Potter consacre J. K. Rowling comme une formidable conteuse.
Même si la magie de l’effet de surprise a tendance à s’estomper, ce cinquième volume des aventures de Harry Potter consacre J. K. Rowling comme une formidable conteuse.
Ce n’est une surprise pour personne, Harry a grandi. Il a mûri aussi. Car à quinze ans, même quand on est un sorcier à la réputation sulfureuse, les problèmes d’identité commencent à se poser... En plus, Harry a vraiment de quoi faire la tête. Aucune nouvelle durant l’été de Ron et d’Hermione. Il se morfond, tourne en rond chez les Dursley comme une âme en peine. Jusqu’au moment où deux détraqueurs, les gardiens de la prison d’Azkaban, descendent à Privet Drive pour lui rendre une petite visite ! Des détraqueurs chez les moldus !? Il se passe assurément quelque chose de grave. Et Harry, pour s’en débarrasser, est obligé de faire appel à ses pouvoirs magiques, ce qui ne plaît absolument pas au ministère de la Magie. Il sera donc convoqué par cette haute instance avant même la rentrée à Poudlard...
De fil en aiguille, il va très vite s’apercevoir qu’on lui cache quelque chose. Qu’autour de lui, se trame (certainement) un complot dont il est la cible. Mais quoi ? Car Harry commence à affirmer son caractère de cochon et l’on ne peut pas dire qu’il soit enclin aux confidences... Il serait même plutôt du genre à tout garder pour lui... Même avec Cho, qui n’a d’yeux et de pensées que pour lui, il a du mal à s’y prendre, c’est dire comme il est maladroit... Et, pour ne rien arranger, une nouvelle enseignante en défense contre les forces du mal, Mrs Ombrage, a été envoyée à Pouldard pour contrôler définitivement l’école de sorcellerie et écarter Dumbledore. Bonjour l’ambiance !
Aucun doute, ce cinquième opus constitue une transition dans l’épopée Harry Potter, l’articulation d’une longue histoire parfaitement mise en place. J. K. Rowling prend tout le temps d’installer ses personnages, rendant l’action et l’hist ire proprement dite un peu anecdotiques. Les traits de caractère des uns et des autres s’affirment, parfois de manière un peu caricaturale, mais la magie du récit opère toujours. Le travail mené sur le personnage de Harry, son passé, l’histoire de son père et ses doutes, permet à l’auteure de bâtir solidement la fondation avant d’achever la construction définitive de son édifice. Bien sûr, on pourrait reprocher à J. K. Rowling le formatage de son roman. Traduite dans le monde entier, elle doit satisfaire un lectorat international. S’en suit un manque de fantaisie évident et un récit parfois aseptisé. Mais, et c’est là son joli tour de force, elle s’affirme de plus en plus comme une conteuse exemplaire qui sait parfaitement où elle va, et mène son lecteur à la baguette.
J. K. Rowling, Harry Potter et l’ordre du Phénix (Harry Potter and the Order of the Phoenix, traduit de l’anglais par Jean-François Ménard), Gallimard, 2003, 974 pages, 28 €
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