Sœurs de sang
Le 23 juillet 2021


- Réalisateur : Julia Ducournau
- Acteurs : Laurent Lucas, Joana Preiss, Bouli Lanners, Virgil Leclaire, Jean-Louis Sbille, Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella, Thomas Mustin
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h38mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 15 mars 2017
- Festival : Festival de Cannes 2016, Gérardmer 2017 , Luxembourg City Film Festival

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Un premier film efficace et prometteur, s’illustrant dans un genre peu exploité par le cinéma français.
Résumé : Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À seize ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.
Critique : Pour son premier long métrage, Julia Ducournau, diplômée de la section scénario de la Femis et auteure des courts Junior et Mange, signe un film d’horreur singulier, entre la série B fauchée et le gore art et essai. Le cinéma français a exploré avec modération ce genre, l’étalon incontournable restant chez nous Les Yeux sans visage de Georges Franju. Julia Ducournau reste ici davantage influencée par Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, son film de chevet, et le cinéphile attentif y décèlera maints clins d’œil, de Dario Argento (les stridences musicales et le jeu sur les couleurs) à Brian De Palma (Carrie), en passant par Abel Ferrara (The Addiction), Claire Denis (Trouble Every Day), Marina de Van (Dans la peau) ou Cronenberg pour toute son œuvre.
- © 2016 Wild Bunch
Elle n’oublie pas non plus la recette de scénario qui consiste à introduire les éléments horrifiques seulement au deuxième tiers du récit (merci aux Oiseaux et à Psychose), une longue exposition semant de troublants indices. Et à l’instar d’un Jacques Tourneur suggérant la frustration sexuelle de La Féline, Ducournau évoque de façon certes plus explicite le désir refoulé de Justine, dont la pureté (toute relative) est soumise à diverses tentations. Loin d’écraser la jeune réalisatrice, ces hommages révèlent qu’elle n’est pas dupe de l’existence de (plus ou moins) prestigieux antécédents. Car elle témoigne d’un réel sens du rythme et de l’atmosphère, jouant avec les peurs enfouies du spectateur, trouvant un juste équilibre entre le hors-champ suggestif et le filmage de l’horreur sans concessions.
- © 2016 Wild Bunch
On appréciera aussi la satire du milieu médical, aussi incisive que dans Hippocrate. La cinéaste est en outre bien épaulée par son directeur de la photo Ruben Impens, le compositeur Jim Williams, ainsi qu’un casting sans failles : Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Nait Oufella et Thomas Mustin sont des révélations, quand Laurent Lucas incarne avec finesse un personnage ambigu, prolongement de son rôle inquiétant dans Qui a tué Bambi ? de Gilles Marchand.