Le 20 janvier 2020
Incorrigible Hollywood : d’une scientifique rigoureuse, ce biopic très médiocre parvient à faire une sorte d’icône glamour, qui célèbre avant tout la star Sigourney Weaver.
- Réalisateur : Michael Apted
- Acteurs : Sigourney Weaver, Julie Harris, Bryan Brown, Iain Glen
- Genre : Drame, Biopic
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h08min
- Date télé : 5 juin 2024 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 25 janvier 1989
Résumé : Évocation de la vie de Dian Fossey, une anthropologue qui consacra sa vie à l’étude et à la sauvegarde des gorilles. Elle fut sauvagement assassinée le 26 décembre 1985.
Critique : La vie de la célèbre primatologue Dian Fossey est le prototype même du biopic académique, qui ne retient que l’écume d’un récit autobiographique, publié en 1983 par la scientifique. En gros, tout ce qui pourra être digérable par la vulgate hollywoodienne : un préambule dramatisé pour dire la naissance d’une vocation, puis, après le transport par voie aérienne, une Afrique de carte postale, faussement magnifiée par la partition de Maurice Jarre, tantôt symphonique, tantôt synthétique, toujours indigeste, une star glamour qui prend la lumière, jamais dégradée par un environnement hostile, réduisant les autochtones au rôle de faire-valoir, quelques scènes d’action spectaculaires (un premier contact avec un gorille plutôt revêche, même vindicatif), une bonne dose de sentimentalisme. Bref, on tient là une sorte de Out of Africa écolo que des dialogues indigents viennent alourdir ("les gorilles ignorent les frontières et ils n’ont pas de passeport", "ils veulent une ensorceleuse, je me ferai ensorceleuse", "c’est chouette un homme marié qui sait coudre"), sans que jamais Dian Fossey ne quitte le statut d’icône reaganienne, symbole d’une Amérique conquérante. Un contresens total, donc, doublé d’une escroquerie intellectuelle, avec de nets relents colonialistes.
À la fin, on n’en sait pas vraiment plus sur les travaux du personnage principal, ce qui est tout de même un exploit. Quel est le contenu précis de ses recherches ? Quelles découvertes physiologiques sur le comportement des gorilles Fossey a-t-elle contribué à diffuser ? Sur quelle pensée articulée se fondent ses combats ? Gorilles dans la brume fonctionne selon un tour de magie qui consiste à effacer Dian Fossey, pour valoriser Sigourney Weaver : en mode brushing ou en natte, elle joue un personnage qui n’a rien à voir avec une scientifique. On est content pour elle, on se désole pour une femme dont les travaux ont été majeurs dans le domaine de l’éthologie, indépendamment de sa lutte contre les braconniers, qui a lui a coûté la vie.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Nicolas Rondard 21 janvier 2020
Gorilles dans la brume - Michael Apted - critique
Bonjour
je trouve votre critique particulièrement dure à l’égard de ce film, qui, même s’il n’est certes pas un chef d’oeuvre, a eu le mérite, à la fin des années 1980, de nous faire découvrir ces animaux en voie d’extinction et si proches de l’homme.
Sans ce film et la communication qui a eu lieu autour, qui sait, les gorilles des montagnes auraient peut-être disparus, victimes du braconnage des autres pressions alentours.
Cordialament
Nicolas RONDARD