Le 23 juillet 2024
Charmant et singulier, ce long métrage se situe dans la lignée de Tati et Iosseliani. Une curiosité.
- Réalisateur : Veit Helmer
- Acteurs : Mathilde Irrmann, Nino Soselia, Niara Chichinadze
- Genre : Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Allemand, Géorgien
- Distributeur : Destiny Films
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 24 juillet 2024
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Résumé : Dans les montagnes de Géorgie, un téléphérique relie un village à une petite ville dans la vallée. Deux jeunes femmes, Iva et Nino, y sont employées et leurs cabines se croisent une fois toutes les demi-heures, ce qui leur occasionne à chaque fois un moment de bonheur et de fête.
Critique : Auteur, producteur et réalisateur de ses œuvres, le Géorgien Veit Helmer avait suivi une formation en septième art à Munich. Il est professeur de cinéma, notamment à Prague, Tbilissi et Djakarta. De Tuvalu (1999) à The Bra (2018, avec Denis Lavant), en passant par Fiddlesticks (2014, inédit en France mais à l’excellente réputation), il a bâti un univers insolite, peuplé de personnages rêveurs et décalés, avec une prédilection pour les récits sans dialogues, préférant aux paroles la musique et les bruits. Gondola ne fait pas exception à cette règle et déploie sa narration minimaliste dans le décor d’une petite communauté isolée de Géorgie. Comme dans L’enfant d’en haut d’Ursula Meier, une télécabine est le « MacGuffin » de situations révélant la psychologie des personnages. Soit ici deux jeunes femmes travaillant dans la compagnie assurant un transport en téléphérique entre un petit village et une ville de la vallée, et qui vont nouer une complicité croissante, surtout lorsque leurs deux cabines sont amenées à se croiser toutes les trente minutes.
- © jip film & verleih / Destiny Films
Ce film charmant et délicat repose sur deux originalités. La première est d’avoir tourné une romance lesbienne dans une région où l’homophobie est loin d’être minoritaire. La seconde (en apparence) est d’avoir cassé la convention des dialogues. À ce propos, le réalisateur tient à préciser dans le dossier de presse : « Le son devient une force artistique majeure pour un cinéaste, dès lors qu’on n’utilise pas de dialogue. Tout cet espace audio est libéré et prêt pour une véritable conception sonore. La puissance du cinéma vient de la grandeur des images. Dès que les acteurs parlent, l’écran se rétrécit et devient une télévision. Les êtres humains peuvent communiquer avec les yeux et la caméra est suffisamment sensible pour capturer les émotions ressenties par les acteurs. Pas besoin de mots ! »
- © jip film & verleih / Destiny Films
Pourtant, la démarche de Veit Helmer avait déjà été celle d’autres réalisateurs, de René Clair aux balbutiements du parlant à Michel Hazanavicius (The Artist), en passant par Kaneto Shindō (L’île nue), Charles Lane (Sidewalk Stories) et Aki Kaurismäki (La fille aux allumettes), si l’on part du principe que la musique est partie prenante de la bande sonore. En ce sens, le projet de Veit Heilmer n’est donc pas révolutionnaire, et peut même passer pour une tendance à favoriser l’exercice de style et une poésie un brin fabriquée et des redondances, loin de la splendeur du cinéma d’un Tati ou de son compatriote Otar Iosseliani, auquel fait notamment songer la galerie de seconds rôles pittoresques (vieilles dames acariâtres, enfants espiègles). Il n’empêche que le film a le mérite de la concision et dénote malgré tout de véritables qualités de mise en scène (les plans sur la vallée), tout en véhiculant un joli message de tolérance et de vivre-ensemble, bon à prendre par les temps qui courent. Malgré les réserves formulées, on peut donc recommander ce rafraîchissant conte d’été.
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