Le 2 mars 2021
Une famille sicilienne du début du vingtième siècle quitte tout pour tenter sa chance en Amérique. Un film poétique, pourtant traversé par un réalisme cru.
- Réalisateur : Emanuele Crialese
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Vincenzo Amato
- Genre : Drame, Historique
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 1h58mn
- Titre original : Nuevomondo
- Date de sortie : 21 mars 2007
- Festival : Festival de Venise 2006
Résumé : Sicile, début du XXe siècle : un veuf, Salvatore (Vincenzo Amato), pauvre et sans avenir décide de tenter sa chance en Amérique. Il vend tout et emmène toute sa famille avec lui.
Critique : Il ne s’agit pas s’une saga, mais plutôt d’un voyage initiatique présenté comme un songe. On pense au cinéma de Federico Fellini parfois, ou à celui des frères Taviani à d’autres moments, les compatriotes du cinéaste, mais aussi par certains côtés à celui d’Emir Kusturica.
Au début, on assiste à la vie monotone sur un bout de terre désolée de Sicile. Les habitants survivent en suivant des rites ancestraux, en se référant à leurs morts et en rêvant de l’Amérique comme d’un Eldorado radieux, où les légumes seraient gigantesques et où l’on pourrait se baigner dans des rivières de lait.
Ensuite, le voyage en bateau, que l’on imagine plus qu’on ne le voit, nous montre une foule nombreuse tassée au maximum, composée de candidats à la migration, où l’on sépare les hommes et les femmes pour la nuit. Salvatore va être approché par un personnage élégant, une Anglaise nommée Lucy (Charlotte Gainsbourg). Celle-ci cherche, sans s’en cacher, un homme qui accepterait un mariage blanc.
La dernière partie, la plus réaliste formellement, se situe à l’arrivée aux États-Unis à Ellis Island. On y voit les migrants traités à peine mieux que du bétail. Des fonctionnaires indifférents s’évertuent à faire du tri entre tous, avec des critères édictés par l’administration américaine, tout à fait dignes de règles établies par un maquignon : l’état de la dentition, la forme générale et l’expression verbale y sont notamment prépondérants. Ceux qui n’y répondront pas favorablement seront renvoyés dans leur pays d’origine.
Parallèlement, des mariages entre ceux qui viennent de débarquer ou avec des postulants locaux sont programmés, avec le même sens administratif pragmatique.
Ce curieux film avec une réelle ambiance, lente et poétique, est aussi traversé par des scènes d’un réalisme cru dénué de tout effet romanesque.
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Grim Fandango 15 mars 2007
Golden Door - Emanuele Crialese - critique
J’ai eu la chance de voir ce film en avant-première et je conseil à tout le monde d’aller le voir lorsqu’il sera sorti !
Après le magnifique Respiro, le réalisateur italien Emanuele Crialese confirme ici son talent dans un film plus ambitieux, une super fresque épique sur l’imigration italienne vers les USA au début du 20ème siècle.
Visuellement on est subjugué par les plans magnifiques, superbement éclairés, où les personnages ressortent comme les sujets d’un tableau. Aussi à l’aise dans la campagne sicilienne que dans le bateau qui mène ses héros vers le "Nouveau Monde", Crialese réussit à nous faire rentrer dans son univers visuel pour mieux nous laisser entrainer dans son histoire et son message.
Une histoire épique, un drame famillial et cuturel, digne de films tel qu’America America d’Elia Kazan, de Bertolucci ou encore de Luchino Visconti.
Un message puissant sur l’intégration et la mixité, mettant en avant la différence plutôt que le conformise.
Un film beau à tous les niveaux, qui prouve que le cinéma italien est loin d’être mort !
esdez 25 mars 2007
Golden Door - Emanuele Crialese - critique
Ce film est un pur joyau extirpé des tripes d’un AUTEUR.Sa livraison précédente nous donnait à voir et à sentir l’attachement viscéral entre les êtres, leurs terres et racines et les rites et croyances induites de leur "association" . Ce premier traitement est repris dans cet opus avec des moyens plus importants et une vision plus générale et plus ambitieuse qui réussi à nous faire toucher du doigt ce que peut représenter les racines humaines et leur implantation dans la nature, si bien qu’il réussi à l’aune de son personnage principal à nous enterrer avec lui et de la sentir cette "terre".Cet arrachement très "humain" est ensuite confronté au leurre des sociétés dites organisées selon des codes qui n’ont plus rien à voir avec l’homme sa nature profonde. L’auteur nous y conduit tout droit et nous livre avec majesté toute la beauté du "nouveau monde". Un film manifeste à destination du mondialisme ambiant qui nous plonge dans un monde déshumanisé ou nous sommes tous des migrants. Merci Monsieur CRIALESE ;
lamazelle 4 avril 2007
Golden Door - Emanuele Crialese - critique
Je ne peux qu’être d’accord avec la critique d’Esdez sur ce film ! L’immigration, un sujet universel qui me ramène à un très dur reportage de Thalassa vu ces jours-ci : des gens qui fuient la misère de leur pays et risquent leur vie sur des bateaux surchargés ! On les balance par dessus bords au gré des peurs ou des délires des passeurs ! Le cinéma, à travers "Golden Door", nous donne à voir des évènements du passé. Mais à travers sa qualité créatrice il nous interpelle sur les drames du présent magistralement !