Le 29 septembre 2020
Quand un grand cinéaste se laisse perdre dans un format non adapté… c’est ce qui semble être arrivé à Kore-eda dans cette série ennuyeuse et caricaturale. Une véritable déception.
- Réalisateur : Hirokazu Kore-eda
- Acteurs : Hiroshi Abe, Isao Natsuyagi, Hirofumi Arai
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- : Condor Distribution
- Durée : 11 x 45 minutes
- VOD : Mubi
- Titre original : ゴーイング マイ ホーム/
- Date de sortie : 30 septembre 2020
- Plus d'informations : Condor- site de l’éditeur
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Résumé : Ryota, publicitaire et père de famille, se rend au chevet de son père, Eisuke, tombé subitement dans le coma. Il y retrouve sa mère et sa sœur mais fait aussi la connaissance d’une jeune femme, qui va l’aider à découvrir une obsession secrète de son père, cachée dans la forêt de Nagano, où il a passé son enfance.
Critique : Le format de la série TV s’adapte peu aux histoires contemplatives. Pourtant, c’est le pari que tente de relever le réalisateur japonais plusieurs fois récompensé à Cannes avec Going my Home, écrit après la catastrophe du tsunami et Fukushima en 2011. Hirokazu Kore-eda met en scène Ryota, personnage récurrent du fils dans son cinéma, lui-même marié à Sae et père d’une fille, Moe. Lui, publicitaire moqué mais bien dans ses baskets, sa femme, cheffe cuisinière reconnue et médiatisée, tentent de comprendre pourquoi Moe a quelques difficultés d’adaptation à l’école. En parallèle, Ryota doit quitter Tokyo pour retourner près de Nagano, au chevet de son père plongé dans le coma suite à un malaise. Il découvre là-bas que ce dernier mène une double vie, en pratiquant la chasse aux lutins, ici appelés kunas. Ces petits personnages l’ont hanté depuis sa jeunesse et pour lui, cela va bien au-delà de la croyance. Existent-ils vraiment ? Ryota se prend au jeu, il laisse entrer un peu de poésie dans sa vie bien rangée.
Sur le papier, la composition est engageante : l’exploration des liens filiaux et familiaux, une touche de fantastique, le traitement des souvenirs et de la mélancolie… Malheureusement, dès les premières images, le ton lisse et farfelu ne passe absolument pas. Les personnages sont englués dans des stéréotypes qui ne parviennent pas à être dépassés. Ryota est professionnellement à la tête d’une équipe qui se moque de lui dès qu’il a le dos tourné. A la maison, il est le père qui semble détaché de l’éducation de sa fille, de l’activité de sa femme. Au sein de la cellule familiale de son enfance, il est celui que l’on rejette. Bref, le personnage ne semble pas conscient de la place qu’il occupe dans sa vie, n’a rien d’attachant. Sa mère et sa sœur sont tout aussi antipathiques. Superficielles, envieuses, égoïstes, elles sont pleines d’idées préconçues et peu empathiques. A l’inverse, Naho, la jeune femme dont il va découvrir l’existence à l’hôpital, a tout de la fille modèle, souriante et serviable.
Les personnages sont lisses, fades, manquent d’éclat et de relief. Le couple central de Ryota et Sae ne se laisse jamais aller aux éclats de voix, à la colère ou l’exaspération, ni même à la passion. Tout se passe comme si cette production s’adressait aux enfants, qui peuvent percevoir un certain malaise, mais ne sont jamais témoins de la moindre étincelle. Loin d’engendrer une série familiale touchante, l’absence d’émotions dans l’écriture suscite rapidement l’ennui, accentué par un rythme lent, que la réalisation ne peut sublimer.
- Crédits : Condor films
En effet, l’image à l’écran n’est pas mieux soignée. Seules les scènes en forêt comblent une image lisse, comme tournée à la va-vite. Pour ne rien arranger, la musique de Titi Matsumura et Gonzalez Mikami, si elle s’adapte parfaitement à l’esprit léger de la série, nous propulse un peu plus dans l’idée de regarder un feuilleton quotidien sans grande profondeur. L’humour voulu par le réalisateur dans certaines scènes, notamment avec le personnage de Takiko, la sœur de Ryota, tombe à plat, car il est beaucoup trop décalé pour coller au récit.
Reste l’histoire fantastique, presque onirique, des petits personnages, les kunas, vivant aux frontières de l’invisible dans la forêt, objets de recherche de Moe, la petite fille. Celle-ci suit sans le savoir les traces de son grand-père, lui aussi intrigué par ces créatures. Une quête qu’il a partagée avec Naho, jeune femme de l’âge de Ryota, qui tente de faire exister cette croyance au sein de son village. Cet arc du scénario pourrait être touchant, voire émouvant, mais là encore, Kore-eda peine à nous emporter de ce côté, sans doute en raison d’une trop grande importance accordée au réalisme.
- Crédits : Condor films
Quand on connaît la qualité des films du réalisateur sur ces sujets, comme Tel père, tel fils ou Notre petite sœur, la déception est grande. Échec d’audience au Japon, cette série a eu du mal à trouver son public. Peut-être pour ceux qui ont un besoin absolu de calme et de platitude ?
Test DVD/Bluray
{{Son :}} Dolby Digital 2.0 {{Langue :}} Japonais, sous-titres Français {{Format image}} : 16:9 compatible 4/3 Le DVD contient les onze épisodes en version originale sous-titrée et un bonus de trente minutes de bonne qualité. On regrette l’absence de bonus plus important sur la série elle-même ou les kunas. {{Bonus : }} {Entretien avec Léa Le Dimna, collaboratrice de longue date du réalisateur (trente minutes)} Cet entretien dresse un portrait du réalisateur : ses influences, son cinéma, son parcours de vie. Il est question de la genèse de ce projet, mais le propos évoque aussi le cinéma japonais dans son ensemble. Agréable et très enrichissant. Malheureusement, il s’agit là du seul bonus de cette édition DVD.
Going my home - Hirokazu Kore-Eda
Condor Distribution
29,99€
Galerie Photos
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