Le 20 août 2020
- Scénariste : Tiburce Oger>
- Dessinateur : Tiburce Oger
- Genre : Western
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 19 août 2020
Tiburce Oger écrit et dessine ce western qui prend la forme d’un road-movie dans un ouest décharné et sauvage où les rencontres peuvent s’avérer mortelles ou salvatrices. Son trait magnifique et fouillé, régal pour les yeux, renforce cette belle histoire.
Résumé : Ghost Kid nous plonge dans le Dakota du Nord en avril 1896 où l’on suit un vieillard qui tente de rejoindre une vieille cabane dans la forêt en plein hiver. Là, il retrouvera un vieux cow-boy pour lui remettre une lettre...
Ambrosius Morgan est un de ces vieux routiers de l’ouest, qui a baroudé à droite et à gauche, à tort et à travers pour gagner sa pitance. Aujourd’hui, il s’est posé dans un vieux ranch qui rencontre bien des difficultés pour se maintenir avec l’arrivée du chemin de fer. Mais c’est la découverte de sa paternité et surtout de la disparition de sa fille qui vont relancer sur la route ce cow-boy bougon au cœur tendre.
Mais cette quête ne va pas être de tout repos et les cadavres vont s’empiler. Le résumé de ce récit pourrait faire penser à La Prisonnière du Désert de John Ford, et, contre toute attente, le personnage de Ambrosius rappelle un peu John Wayne. John Wayne n’est pourtant pas le héros de western référence pour Tiburce Oger, plus marqué par les histoires moins manichéennes aux personnages plus ambigus à l’image de Little Big Man ou de Hostiles.
TIburce Oger / Grand Angle
Autre surprise, Ambrosius n’est pas le Ghost Kid qui donne son nom à l’histoire, loin de là. Ce deuxième personnage, réel ou imaginaire, intrigant par son silence, qui va apparaître et suivre le vieux cow-boy, garde tout au long de l’histoire sa part de mystère. Et c’est bien là, dans cet espèce de duo étrange entre Ambrosius et ce Ghost Kid, que l’on s’éloigne de la quête d’un John Wayne héroïque.
De plus, tout au long de leur périple, c’est un ouest violent, dangereux, sauvage où la nature apparaît peut-être bien moins barbare que l’homme et sa civilisation.
Ambrosius parcourt un pays qui révèle la fin d’un monde. L’ère du western est en train de s’éteindre et ce sont les feux crépusculaires d’une époque et surtout d’un mythe qui brillent une dernière fois dans la nuit du siècle qui s’achève.
TIburce Oger / Grand Angle
Tiburce Oger apporte un trait éblouissant à cette histoire. Son dessin précis et rigoureux nous offre une galerie de personnages, de tronches attachantes, intrigantes, et en tout cas, loin des jeunes premiers beaux et droits. Les postures des corps sont dynamiques, Ambrosius en plein délire donne l’impression de danser un ballet où il perdra conscience. Le Ghost Kid à l’ombre qui fixe notre héros accroupi les yeux toujours grands ouverts, les coudes sur les genoux, est inquiétant à souhait. Les décors rudes et poétiques éblouissent par le dessin et surtout par la couleur. Les hachures se complètent de zones d’ombres grisées, le rouge flamboyant de la roche se mêlant à l’écume blanchâtre de l’eau. Chaque planche éclate d’une ambiance merveilleuse à l’œil, et si les dessins pleine page nous déroule une vue vertigineusement belle de cet ouest naturel, les cases n’en ont pas moins à offrir. Ce récit est crépusculaire par son histoire, peut-être, mais il est éclatant par ses couleurs !
TIburce Oger / Grand Angle
La mise en scène nous offre aussi des plans désaxés, en contre-plongée, qui nous rappellent que rien ne marche droit dans ce monde, et que la tranquillité n’est qu’apparente. Le cadrage permet de garder une certaine tension tout au long du récit.
Ghost Kid est un beau western mais c’est aussi l’histoire d’une rencontre, d’un choix, d’une quête. Une histoire complète et violente qui offre des planches au dessin envoûtant et finement ciselé.
80 pages – 18,90€
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